Les choses se sont quelques peu « calmées » depuis mes dernières péripéties. J’ai même l’impression d’avoir pris possession de mon nouveau « chez moi ». Lorsque vous voyagez, il faut parfois s’attendre à tomber sur un peu tout et n’importe quoi comme logement. Souvent le « n’importe quoi » mène à des surprises pour le moins mémorables. Je vis actuellement dans un petit 10m2 à l’arrière de la réception d’un hôtel pour lequel je travaille un peu le matin en échange du logement. J’ai trois nouvelles collocs, deux chinoises et une japonaise. Je vous aurais fait part de leurs prénoms mais étant donné que je suis encore à l’étape j’essaye de le prononcer cela va être un peu compliqué.
Cela fait maintenant 5 jours que je suis ici, dans la ville de Whitianga, région du Coromandel. Une très belle région, près de 650 km plus loin de mon dernier logement. Et comme je vous l’ai annoncé, mon trajet fut pour le coup très animé.
13 octobre
7h30 du matin, je remballe donc mes affaires, selon le mode d’emploi « merde comment j’avais fait rentré tout ça la dernière fois pour fermer mon sac » et démarre pleine d’ambitions pour atteindre au soir la ville de Whangarei, toujours dans le nord, étape intermédiaire de ma traversée vers le Coromandel. J’avais décidé d’emprunter la route de la côte ouest, connue pour quelques trésors cachés en terme de culture et légendes néo-zélandaises. Après avoir livré un frigo avec ma première rencontre de la journée, je me trouvais donc sur la bonne voie. Et la commença un long pèlerinage vers Kohukohu/Rawene. Toujours rester motivée, le tout est de ne pas s’arrêter, continuer d’avancer, marcher, quelqu’un finira forcément par vous prendre et vous dépanner. Bon, ça peut prendre 10 minutes, 1h, un ou plusieurs jours mais n’abandonnez pas. Un bon mental et une pensée positive aident largement à ne pas désespérer. Après avoir donc marché plus d’une heure et demi avec mon sac à dos de 20kilos sur le dos sous une chaleur accablante, je m’amusais à compter les intervalles entre lesquelles des voitures empruntaient cette route. J’ai rapidement compris que vu la fréquentation de cette route, il ne fallait pas en attendre trop. J’avais tout de même parcouru 6 des 14km parcouru en 3 heures dans le coffre d’un 4×4 d’un local qui déposait sa fille à l’école un peu plus loin. Et puis tel un miracle du petit ange du voyage, un couple s’est arrêté. Ils se baladaient simplement sur cette route peu empruntée dans l’idée de découvrir une autre face du nord. Parfait, on avait le même objectif. J’ai beaucoup parlé avec eux. Et lorsqu’ils ont voulu s’arrêter pour un café, nous avons eu ce grand débat des « européens toujours pressés par le temps ». Tout ça parque j’avais commandé un expresso. Après coup, me suis rendue compte que la remarque était plutôt pertinente. « Les expressos sont pour les gens qui ne prennent pas le temps de vivre, les gens tout le temps pressés. C’est bien européen ça ! Ici presque personne ne boit cela. »Ok Chef, saisi, je prends un grand café, qui était d’ailleurs plus qu’apprécié à ce moment là. Je l’ai bu comme le prêtre boit son vin à la messe, en le chérissant tellement de toutes mes forces.
Nous avons repris la route, mais par la suite ai vite compris que j’avais zappé un point important du trajet sur la carte. « Cet itinéraire comprend une traversée en ferry ». Shit. En moins de temps qu’il n’en fallait pour dire au revoir à mes conducteurs, ceux-ci m’avaient refourgé dans une autre voiture qui faisait la traversée. J’ai un peu suspecté qu’ils n’avaient pas trop demandé leur avis à ces nouveaux voyageurs. Mais pour le coup, j’étais assez contente de ne pas avoir raté le ferry qui ne passait que toutes les deux heures. Ca n’a duré que dix minutes, mais je me sentais comme Rose dans Titanic, ouaaaai suis la reine du monde. Jo, calme toi, ici ils prennent le ferry comme tu prends le tram à Bruxelles, pas la peine de s’emballer. La chance continuait à tourner, je continuais à parcourir mon chemin avec Jude et son père pour atteindre la Waipoua forest, réputée pour abriter le plus grand arbre Kauri qu’il existe en nouvelle Zélande.
Sur le chemin, nous nous sommes arrêtés dans la petite ville d’Oponini, que tu peux traverser en deux chansons dans tes oreilles, mais qui est définitivement un petit coin paisible retenu caché des touristes. Elle offrait un paysage complètement différent de ma campagne du début de journée. C’est une des choses magiques en Nouvelle Zélande, tu peux en quelques heures de temps, parcourir des horizons si différents et avoir l’impression d’avoir vécu 4 journées en une seule ! La diversité des paysages est réellement impressionnante. Oponini donc, j’y ai acheté de quoi grignoter, j’ai voulu misé sur une valeur sûre, des cookies. Raté, j’ai failli me casser une dent en mordant dans le premier. Pas grave, je vais boire de l’eau à la place.
Et là quelques dizaines de km plus loin, nous y étions, à travers la forêt de Waipoua, si débordante de nature pure que parfois je m’y sentais gênée d’y marcher ! Soudain, en début de randonnée, tu le trouves, le fameux plus grand arbre Kauri du monde, tu tombes sur cette petite dame qui te conte les légendes à propos des ces arbres. Il faisait près de 52mètres de haut et plus de 13m de circonférence. Sur le papier, tu te dis oui ok c’est grand, non non c’est énorme ! Sérieusement, t’as déjà vu un arbre si grand dans ta vie ? Et ben moi pas. Je suis restée ébahie devant celui-ci une bonne demi heure. Dans cet espace, la nature prend réellement le dessus sur le reste. Je trouvais si admirable ce respect véhiculé par les locaux envers tous les espaces naturels que la Nouvelle Zélande peut comprendre. C’est une autre mentalité, une autre façon de penser, vous n’y trouverez pas de rapport de domination humaine. Ici, on vous permet déjà d’y vivre et les habitants protègent la nature comme si cela en tenait de leur vie. Ca vous force obligatoirement, sauf si vous êtes un idiot, à sérieusement à vous remettre en question sur certains points du mode de vie que l’on est capable d’appliquer. J’ai donc fait une randonnée à travers cette forêt. Sans musique, sans regarder l’heure, sans penser à quoi que ce soit d’autre, sans rien.
Il fallait bien que je finisse par reprendre la route et c’est sans difficultés aucune que j’ai parcouru les presque 100km suivant avec un local qui me racontait ses aventures. Arrivée à l’embranchement situé à Dargaville, j’ai entamé ma dernière partie du chemin vers Whangarei. J’ai rencontré un petit vieux tenace et têtu, ça m’a un peu fait pensé à Mamy! Il ne s’arrêtait pas de parler et j’avais l’impression d’être en plein cours d’histoire à travers la guerre du Pacifique. Je vais pas vous mentir j’avais un peu du mal à le suivre, mais j’avais bien saisi l’idée « de mon temps, ce n’était pas comme aujourd’hui ». Je suis arrivée à l’auberge vers 17h30 (cela prend souvent plus de temps qu’on ne le pense de traverser une ville et de trouver sa destination précise). Le soir j’ai été me balader jusqu’au chutes d’eau de Whangarei pour souffler un peu.
14 octobre
Cette journée est à marquer d’une croix ! Une très grande croix ! C’était sans aucun doute la journée la plus fatiguante que j’ai connue depuis que je suis arrivée à Nouvelle Zélande. Le matin fut pourtant plutôt efficace, après quelques dizaines de minutes de marche, j’ai rencontré John avec qui j’ai roulé pendant plus de deux heures et demi. Timbré, surexcité, très expressif, excentrique je dirais même mais super sympa. On a échangé nos aventures respectives, lui me parlait de son « accident » de chasse lorsqu’il s’était pris une balle en pleine forêt et tentait de deviner quelle super histoire se cachait derrière ma cicatrice au visage. Si j’avais cru que mon accident de moto me servirait en voyageant, alors là. Bref j’étais passé dans la catégorie « you’re a bad girl, nice ». On aurait dit que c’était plutôt à mon avantage. Sur la route, on a mangé les « meilleurs poulets fris » de Nouvelle Zélande, oui bon pour la notion de saveur, tout ça tout ça on repassera hein les gars. C’est pas que c’était mauvais pour le coup, juste heu…gras. Mais John, tu as définitivement fait ma journée, je ne regrette pas d’avoir croisé ta route !
J’ai repris mon chemin vers Auckland, sous l’attente pluvieuse qui commençait à me fatiguer et après deux ou trois conducteurs, suis arrivée plus bas au point de mon ultime erreur. Pour la première fois, j’ai fait un bout de chemin avec un mec gentil mais un peu chelou, « Do you love sex ? » Okkk merci bonne journée, je vais descendre ici je pense 😀 Bref rien de dramatique, sûrement un jeune homme en peine de coeur, je suppose. J’avais bien tracé mon trajet sur la carte mais ai définitivement perdu trois heures de ma journée avec cette parcelle. Impossible de trouver cette petite route, je marchais sous une drache interminable et personne n’avait l’air d’avoir envie de me secourir. Après être revenue trois fois au même point, j’ai compris qu’il valait mieux revenir sur la route principale et essayer de prendre un autre chemin plus bas. Un gars m’a fait mine d’abandonner, c’est trop loin mademoiselle personne ne vous prendra ! Ouai c’est ça monsieur, mauvaise ambiance au frigo stp et laisse moi m’acharner si j’ai envie ! Abandonner, non mais il a cru celui-là, tu sors d’où toi ? Tentant en vain de sortir de ma galère, un petit chinois me prend dans sa camionnette qui remontait sur l’autoroute, goooood. Note à moi-même : NE PLUS JAMAIS MONTER DANS LA VOITURE D’UN CHINOIS. J’ai mis un petit temps à comprendre qu’il était aussi paumé que moi, voire plus. Et après m’avoir balader dans une ville que je ne voyais pas sur la carte (pas bon signe ça Jo, c’est pas bon signe du tout), j’ai un peu perdu patience, je l’avoue, j’ai fait mon grand sourire genre merci pour la course, c’est trop gentil et suis descendue. Tu parles, j’étais encore plus perdue qu’avant et sur une route que je pensais à l’opposée de ma destination. Olala, la poisse, et il recommençait à pleuvoir évidemment.
Haa il est beau le voyage hein ! Mais dans quelle galère j’ai encore été me mettre moi. Après être passée par toutes les humeurs possibles et imaginables, j’ai repris confiance en moi, et une heure d’embouteillage plus loin, suis enfin retombée sur mes pattes. J’étais en voiture avec un mec qui n’arrêtait pas de se foutre de moi m’imaginant dans la voiture d’un chinois paumé. J’ai appris par l’expérience et grâce à une discussion posée avec lui, que les chinois n’étaient définitivement pas une bonne idée. C’est donc 4h plus tard, que je suis enfin arrivée à Whitianga.Il était 19h et je l’avais fait ça y est ! Quel soulagement et quelle victoire, j’avais l’impression d’avoir couru le marathon de Bruxelles 5 fois dans la même journée.
J’ai donc intégré depuis quelques jours, une nouvelle communauté d’helpers. Suis dans un petit hôtel plutôt cosy, les gens y sont accueillants et la ville n’est pas trop moche.
J’ai été visité avec Justin, (une de mes premières connaissances en Nouvelle-Zélande) deux endroits pas très chouettes à vivre : La Hot Water Beach et la Cathedral Cove. Ce sont deux des lieux assez connus dans la région et quand vous y êtes, vous comprenez vite pourquoi. La Hot Water Beach regorge de petits coins creusés en tout genre dans le sable sur la plage, dans lesquels vous pouvez vous prélasser comme si vous étiez dans votre bain. Les sources d’eau chaudes vous font donc sentir comme dans un spa mais version « naturelle ». C’était top. N’oubliez cependant pas à faire attention au soleil, vous cuisez la dedans comme un homard dans l’eau bouillante de sa casserole. Ce n’est d’ailleurs pas du tout ce qui est arrivé !
Nous avons ensuite été trouvé ce petit coin de paradis, Cathedral Cove. Du parking, nous avons marché un peu plus d’une demi heure pour l’atteindre et la légende dit vrai, vous avez vraiment l’impression d’être dans la scène du film fantastique de Narnia. C’est un endroit à part qui m’a donné l’impression de ne pas être sur la même planète que celle sur laquelle j’avais toujours vécue. C’était terrible. C’est comme si je ne pouvais ordonner à mes pieds d’en partir tellement je m’y sentais bien. Nous avons escaladé quelques rochers plus loin et plongé dans l’eau glacée turquoise. Ça me paraissait comme l’illusion d’un moment qui ne faisait pas partie de la réalité. Mon regard tentait d’imprimer chaque parcelle de cet environnement.
La journée s’est finie avec une ballade dans le haut de la région. Nous avions envie de prendre un peu de hauteur pour le coucher de soleil et sommes donc montés en 4×4 le plus haut possible en montagne, puis avons continué à pied et avons bien dû nous arrêter après avoir grimpé sur la dernière antenne radio du sommet.
Sinon, depuis quelques jours, j’explore au calme les environs, j’ai tenté d’aller pêcher avec mes chinoises. C’était un grand échec. Je rencontre encore de nouvelles personnes et la perspective des prochaines semaines s’annonce probablement très belle. Je m’habitue à prendre le ferry, je rythme mes matinées au son du « Rooom service »
Changement de planning en cours et peut-être préparation d’un roadtrip en van de plusieurs semaines avec une nouvelle amie. Faudra attendre de voir ce que la suite du voyage nous réserve pour vous le confirmer !
–> Intégralité des photos dans ma gallerie Flickr !
C’est chouette de. vivre un peu de ton voyage grâce à ton récit ! Merci et vivement la suite ??