Voilà maintenant deux mois que je suis partie, où devrais-je plutôt dire deux mois que je suis ici. Le temps défile et il m’arrive assez souvent de me demander quelle date nous sommes. Mais peu importe le moment, je me suis rendue compte qu’il était assez plaisant de se perdre dans le temps à travers une humeur quelque peu insouciante. Chaque jour qui s’écoule me donne l’impression de m’égarer dans la bonne direction, d’y aller les yeux fermés en attendant de pouvoir mieux les ouvrir une fois encore.
Je vous écris actuellement de notre nouveau chez nous temporaire, situé sur la côte Ouest de l’Ile Sud, un peu au dessus de Punakaiki. Nous sommes donc repartis de l’aéroport d’Auckland où on avait dû relacher notre van pour prendre ensuite le bus de nuit en direction de Wellington. Départ à 7h du soir et arrivée prévue à 6h30 du matin et suite à quelques adaptations dues au tremblement de terre de la veille, notre ferry avait été avancé à 7h le même jour. Nous n’avions pas encore eu énormément de précisions quant à la situation au Sud mais étions bien décidées à s’y rendre malgré tout. Notre détermination inébranlable ne pouvait en aucun cas se faire arrêter et selon les infos que nous avions eues, cela restait totalement faisable.
Après une nuit de trajet de 12h aussi reposante que la traversée en Ferry qui a suivi, nous arrivions donc sous une drache monumentale à l’heure même de notre censé check-in. Nous tentions en vain de presser le conducteur pour récupérer nos sacs, et j’avais vraiment l’impression d’être au milieu d’une étape de Pékin express. Après une mini course éprouvante où la nervosité se mêlait au fou-rire, ce qui du coup nous empêchait encore plus d’avancer, nous y étions enfin ! Mais le soulagement a laissé place à un autre sentiment d’alerte dans mon esprit dubitatif et un peu septique du moment. Mmmh, est-ce vraiment une bonne idée cette traversée à travers la tempête ? Bien que le tremblement était passé et que la menace de tsunami était levée, on était quand même franchement pas trop à notre aise, il faut bien l’avouer ! Epuisée, on s’est allongé histoire de tenter la sieste. Moins d’une heure plus tard, nous étions réveillées par l’agitation du bateau qui tanguait de plus en plus fort. On voyait à travers les fenêtres, les vagues venir se cogner contre le ferry à une hauteur aussi fascinante qu’effrayante. Les gens malades commençaient à défiler dans tous les sens, l’équipage tentait de calmer les quelques sur-angoissés et on entendait la vaisselle voler en cuisine comme au début d’un épisode de Titanic. J’étais si intriguée par la mer agitée sur laquelle on naviguait que je n’avais qu’une envie ; sortir sur le point pour voir cela de plus près. Le temps que tout cela se calme un peu, nous pouvions enfin aller prendre l’air et admirer le « calme » après la tempête.
Peu à peu, nous pouvions commencer à deviner la terre de loin et à imaginer les nouveaux décors dans lesquels nous allions plonger. J’avais réellement l’impression de commencer une nouvelle étape du voyage. Je sentais qu’une page était déjà en train de se tourner et j’étais si impatiente et curieuse face à l’inconnue qui nous en attendait et qui m’exaltait d’ores et déjà. Nous sommes donc arrivées à Picton en début d’après-midi, on a rapidement vu que c’était quand même bien le chantier. Routes fermées, panneaux alternatifs pour les itinéraires, terminal condamné suite aux dégâts. On avait compris que ça allait être compliqué mais nous ne voyions rien d’alarmant non plus.
Après un lunch plus que nécessaire, nous tentions donc de reprendre notre courage à deux mains et de repartir motivées pour nous rendre jusqu’à notre auberge située à Nelson. Bien que nous ayons du faire un sacré détour étant donné que la route principale entre nos deux villes était impraticable, nous avons plutôt été chanceuses. Deux voitures et quelques heures plus tard, nous y étions. J’avais l’impression de marcher comme un zombie dans cette ville mais quelle délivrance d’arriver enfin.
Nous avons passé deux jours à Nelson. Petite rando et ballade dans la ville, et surtout un peu de repos. Je dois bien avouer ne pas trop avoir sociabilisé dans mon auberge cette fois là étant donné que j’avais déjà du mal à me parler à moi-même. Je ne réalisais pas vraiment que j’étais au Sud et me contentais de me laisser porter jusqu’à échouer à notre destination finale pour notre prochain woofing. Après encore presque deux jours de stop et un arrêt à Wesport, nous y étions aaaamen. On a fait le chemin avec un couple de kiwis, un fermier, deux voyageurs italiens, un autre kiwi aux allures de « j ‘organise un festival posé pour le nouvel an et je n’ai que des attrapes rêves dans mon van cliché youkou ». Bref, on a rencontré du monde pour ne pas changer !
Nous voici maintenant depuis presque une semaine au « Te Nikau Retreat » qui ressemble a une propriété étendue sur une petite forêt assez dense où se cache une dizaine de petits logements et maisons en tout genre. C’est assez mignon, très reculé mais on s’y sent assez bien. On a été accueilli par KC, Maouro et Marine, les trois managers du lieu. On vit dans une petite « maison » réservée au staff avec nos deux collocs américaines. Nouvelle dream team qui marche plutôt bien. On s’y sentirait presque comme chez nous. On est à 5 min de la plage et on ne peut pas dire que ce soit l’endroit le plus moche qu’on ait vu.
Nous nous occupons comme on en a envie ; explorations des cavernes de Punakaiki, semi sieste au soleil, et bien entendu ballade aux alentours des Pancakes rocks. Je vous vois déjà venir « les quoi ? « Pourquoi ça s’appelle comme ça ? Un ben devine, ta déduction naturelle réussirait à te faire arriver au constat que si l’on nomme des rochers comme des Pancakes, c’est sans doute parce que … ça y ressemble, bien joué ! Suis fière de toi derrière ton ordinateur et si jamais tu penses que je te fais marcher, va faire un petit tour dans ma gallerie Flickr pour vérifier !
Sinon, plus sérieusement, le mode de vie ici est assez spécifique. T’as déjà essayé de cuisiner Vegan ? Parce que moi pas jusqu’ici et je peux vous dire que quand tu penses avoir trouver la recette trop bonne à leur préparer, tu te rends compte au bout de quelques étapes, qu’il y a toujours un ingrédient dedans que tu peux pas utiliser. Mais bon on s’adapte, comme on peut. C’est sans doute aussi ça de voyager ; motivation, débrouillardise, flexibilité et adaptation, voila au moins une recette que je connais et qui fonctionne plutôt bien.
Nous restons ici avec Lilou jusque mardi matin prochain selon les plans actuels. Il sera alors temps de ressortir de notre terrier pour reprendre la route. Il semblerait que nos chemins, à ma super travelmate et moi même se divisent ici pour sans doute se recroiser plus loin. Je pars de mon côté dans un autre woofing dans la Golden Bay, région apparemment magnifique au Nord de l’Ile Sud. Nous n’avions pas eu l’occasion de visiter celle ci lorsque nous étions descendues et j’ai donc décidé d’y remonter pour aller y chercher une nouvelle expérience de vie. Mon prochain hôte vit sur son petit bateau où je vais donc rester pour une période encore indéterminée. C’est malgré tout assez loin d’ici et je me prépare déjà donc à nouvelle épopée solitaire en stop pour l’atteindre. Un peu de challenge, il était temps de se foutre un coup de pied au cul et d’aller rechercher la bonne galère !
Je suis assez curieuse et impatiente de voir ce que la vie à bord va donner. Le « problème » oulala parce que oui ma vie est trop dure ici, est qu’une fois que vous commencez à prendre goût à la découverte constante, à la sensation qu’une aventure en amène toujours une autre derrière, vous êtes de plus avide de nouveautés. Et parfois tant de mots me viennent en tête pour qualifier ce qui se produit dans mon esprit que je ne sais lequel utiliser. Captivée, intriguée, désemparée, exaltée, fascinée, effrayée, submergée, déboussolée, sensibilisée, impressionnée, déstabilisée, soulagée, stimulée, émerveillée, transportée, passionnée, bouleversée, allégée. Et parfois je me dis même que les mots ne suffisent pas. Je ne me lasse ni de la route, ni de mon sac à dos, ni des paysages toujours plus apaisants, ni des forêts et des chemins perdus, ni de la mer, ni de rien de ce que je peux voir ici hormis peut-être de la météo aussi changeante que mon humeur un jour de gueule de bois.
Sinon, ce soir ici avec nos américaines, c’est THANKSGIVIIING. Le tout premier de ma vie ! Allé je vous laisse les copains et vous dis à bientôt pour un nouvel épisode.
(J’étais censée charger le reste des photos dans cette foutue Gallerie Flickr mais étant donné que ça fait 3 jours que j’essaye et que je m’acharne (et vous connaissez ma patience légendaire) , je vous avoue que j’ai abandonné. J’ai déjà l’impression de faire exploser le wifi en tentant de poster un article donc on va s’arrêter là pour l’instant 🙂 )