Il est déjà venu le temps de publier mon dernier article de Nouvelle Zélande. C’est avec un petit pincement au coeur que je vous raconte les dernière semaines qui m’ont mené à la veille de mon départ pour l’Australie. Encore difficile d’imaginer que je vais bientôt m’envoler pour une nouvelle aventure. Il est temps d’ouvrir les pages d’un nouveau chapitre mais avant cela, laissez moi donc achever celui-ci.
18 Janvier
Après une nuit plus que reposante à Invercargill, ville sois-dit en passant assez inintéressante, nous récupérions, Lilou et moi notre voiture pour les 10 prochains jours. Le roadtrip continuait bel et bien. Fatiguées par une météo qui nous accablait un peu plus chaque jour, nous décidions de replanifier notre parcours pour remonter au Nord chercher le soleil et inverser ainsi notre itinéraire de base qui nous aurait normalement d’abord conduit à faire la partie sud de la côte Est.
C’est donc pleine d’espoir et de détermination que nous repartions sur la route pour plus de cinq heures, tentant d’approcher notre première destination ; le réputé Mont Cook. Sur notre route, on a eu la chance de pouvoir dropper deux jeunes voyageurs qui faisaient du stop. Solidarité oblige, je ne pense pas après avoir passé des centaines d’heures à faire du stop en Nouvelle Zélande, pouvoir laisser qui que ce soit sur le bord de la route en passant mon chemin. Cela nous fit un peu de compagnie et d’animation sur le trajet.
Et notre première journée au volant de notre Gégé nationale était déjà passée. Nous nous sommes arrêtées au bord du Lac Pukaiki qui se trouve aux portes de la vallée qui menait au Mont Cook. Bien que le brouillard ne s’était pas vraiment totalement dissipé, on pouvait déjà discerner avec quelle intensité le bleu du lac ressortait. Cela m’a quasi donné l’impression qu’il était fluo, comme irréel, je n’avais jamais de ma vie, vue l’eau d’une couleur si surprenante. On devinait les quelques premières chaînes de montagnes. Mais c’est sans trop réaliser au milieu de quel paradis naturel nous nous trouvions que nous passions notre première nuit dans le coffre de la voiture, bousculée par le vent et la pluie, je tentais en vain de m’adapter à la dureté de la banquette abaissée.
Le lendemain matin, c’était partie pour la découverte. Nous avons commencé par la Tasman Valley qui nous offrit un spectacle aussi merveilleux que diversifié , paysage montagnard à perte de vue, glaciers fondus où flottaient encore quelques icebergs, lacs perdus au milieu de nulle part, l’environnement était grandiose. Je pense qu’en terme d’émerveillement, cette partie de mon voyage fut l’une des plus mémorables que j’ai connues. C’était un peu comme si je me trouvais dans un paysage de carte postale qu’on ne voit toujours qu’en photo. Mais la beauté du voyage faisait que cela en devenait une réalité. Nous avons passée l’après-midi dans la Hooker Valley, où l’on atteignit le Mont Cook Village.
Randonnée plus que fréquentée sur un sentier qui nous enfonçait de plus en plus loin de tout, et de plus en plus proche de ces décors qu’on admirait de loin depuis quelques heures. Totalement subjuguant. Indescriptible. Les nuages nous cachaient les hauteurs mais nous en voyions largement assez pour s’en contenter. Retour express sous une pluie éclaire sortie de nulle part, on reprit la route en ayant l’impression de passer par plusieurs saisons en dix minutes à peine.
Nous nous sommes perdus dans les néants d’un spot assez planqué avec notre voiture pour y passe la nuit. Bon, il faut bien avouer que même si les conditions de vie nous endurcissent avec le temps, la nuit dernière n’avait été franchement des plus agréables. Changement de stratégie, dodo sur le siège passager et la banquette au lieu du coffre. ERREUR, on s’est réveillé à 7h du mat, impatientes de sortir de ce sommeil intenable, avec plus de courbatures qu’après un marathon.
Le ciel dégagé nous donna une énergie inimaginable qui nous guidait implicitement vers la vallée que nous avions traversée la veille. On apercevait de bien plus loin le Mont Cook et l’envie de retourner dans cette direction nous titillait sérieusement.
Retour sur la route juste pour admirer. Regarder. Observer. En prendre plein la vue. Le contraste des paysages me rendit euphorique et sereine à la fois. Cette magnifique journée continuait aux alentours du Lac Tekapo où la randonnée du Mont John nous offrit une vue à 360° complètement imprenable. Parfois je me rends compte que je manque de mots pour décrire ce que mes yeux voient et ce que ma tente pense.
Nous prenions ensuite la direction de Christchurch ou plus précisément de sa péninsule. Visite le lendemain d’Akaora en son extrémité et c’est sur la scenic drive qui traverse la péninsule dans sa quasi entièreté que nous avons passé la majorité de notre temps. Je conduisais au bord de gouffres, admirant la limite des dernières terres avant l’océan. Ce fut un paysage très différent de la veille. Aux allures désertiques et en même temps boisées. Je ne me lasse de cette magie du pays qui vous fait traverser en quelques heures seulement des paysages si différents.
Je retiendrais de la Nouvelle Zélande la richesse naturelle que celle-ci parvient à vous offrir, en préservant la majorité de ses terres complètement pures et très peu dénaturées par la présence humaine. L’Ile Sud est bien plus sauvage que l’Ile Nord, logique car bien moins habitée. La population de la ville d’Auckland où je suis arrivée au Nord est supérieure à l’entièreté de la population de toute l’Ile Sud, ça vous donne une idée… Bien que quelques grandes villes animent le tout, cela reste grandiose.
Les jours qui suivirent nous menèrent sur la Route d’Arthur’s Pass, l’une des seules routent qui traversent l’Ile Sud de la Nouvelle Zélande et relie la West Coast à la East Coast. Route pourtant fermée à la moitié pour cause d’inondations intempestives des derniers jours. C’est assez inconcevable de réaliser à quel point la météo et la nature incontrôlable influe sur la vie des kiwis.
Alors que d’un côté, le tremblement de terre d’il y a deux mois rendait encore certains endroits inaccessibles, de l’autre, nous étions coincés sans pouvoir aller plus loin par l’eau qui submergeait la région. Certains tronçons de la route étaient complètement sous eau et nos tentatives de marche furent régulièrement interrompus par des arbres déracinés, des rivières qui avaient pris le dessus sur la montagne rendant énormément de passages impraticables. Nous avons malgré tout pu nous rendre jusqu’au village d’Arthur Pass, aussi vide et animé que Bruxelles un lendemain de Nouvel An. Notre premier jour sur place se résuma à des tentatives désespérées d’y faire quelque chose dans une ambiance grisâtre, bloquées au milieu de nulle part avec comme seule occupation la chasse aux sandflies. Haa ces mini bestioles qui vous sucent le sang et vous envahissent par dizaines à peine sorties de la voiture. Course poursuite avec nous mêmes les fenêtres ouvertes pour tenter des chasser ces mouches avant la nuit. Notre voiture devint un cimetière de sandflies. Je ne sais plus trop à la fin si on pleurait où on rigolait nerveusement mais cet instant fut définitivement mythique.
Notre deuxième journée sur place fut bien plus intéressant. Randonnée dans le parc national d’Arthur’s Pass au matin qui nous fut entrevoir tout ce qui nous avait été caché, découverte de nouvelles cascades et j’en passe. C’est sur la route que nous avons continué notre chemin. La traversée de la vallée qui s’étend sur quelques centaines de kilomètres rend le seul fait de conduire plaisant. Nous nous arrêtions, quand nous en avions envie, avec comme seul limite la portée de notre regard et de nos pas sur les sentiers.
Cette route est indéniablement l’une des plus belles que j’ai empruntées en Nouvelle Zélande. Ce séjour, bien qu’il fut assez court, restera c’est certain gravé dans nos mémoires. C’est vers la East Coast qui nous retournions pour entamer notre descente vers Invercargill en quelques jours. Nous sommes passées par les villes de Timaru & Oamaru, réputées pour être habitées par de nombreuses colonies de pingouins et nous sommes arrêtés plus bas sur la plage des Moeraki boulders.
Ces rochers quasi totalement lisses et d’une forme ronde presque parfaite. Assez insolites, comme s’ils étaient sortis de nulle part. Phénomène pourtant expliqué, cela nous paraissait malgré tout un peu irréel.
Le lendemain, c’est la Péninsule de Dunedin, encore un peu plus bas, que nous découvrions. Météo magnifique et enchaînement de plages paradisiaques, de colonies d’otaries qui longeaient les côtes et surtout haa cette fameuse randonnée pour atteindre la Sandfly Bay. Déjà la plage elle s’appelle par le nom du moustique qui te rend dingue depuis des mois, on a pensé que paradoxalement ça serait de bonne augure. Première partie de chemin facile, nous arpentions un sentier, pieds nus dans le sable à travers des dunes vertigineuses en les dévalant comme des gamines de 15 ans. Hé ben à la remontée, on a moins rigolé je vous le dis. Bien que cette plage perdue en valait vraiment la peine, l’expérimentation de la rando en montée dans le sable nous laissa quelques traces psychologiquement difficiles à surmonter.
Ce fut une très belle journée, une de ces journées où tu passes ton temps à juste en prendre plein la vue, à prendre le grand air en pleine face pour finir par te coucher avec un sentiment de plénitude complet. Réveil sur un parking surbondé de vans entassés les uns sur les autres, on a vite décampé pour trouver un spot de petit dej’ un peu plus loin. Ha ben il était bien celui là, on se rendit compte au bout d’un quart d’heure qu’on était en plein milieu d’un stand de tirs où les flics débarquaient les uns après les autres pour leur séance matinale. Bien joué les gonz ! On reprit notre route en passant par la Tunnel Beach, où les vaguent atteignaient une hauteur que je n’aurais su imaginer.
Tunnels creusés dans la roche, surplombés de falaises aussi géométriquement étranges que belles, ce fut notre dernier arrêt dans la région de Dunedin.
La Catlins Coast, située juste au dessus de notre point de retour fut notre dernière mais pas des moindres étapes de ce roadtrip. Vue du phare sur la pointe la plus au Sud de l’Ile, observation de lions de mer et de pingouins, on était aux anges. Quel silence et quelle sensation lorsque l’on observe l’une des espèces les plus rares de pingouins au monde dans son environnement naturel. Faut dire qu’on avait campé quelques heures aux alentours de la Curio Bay pour pouvoir les observer.
Les points de vue historiques de la région ne manquaient pas et rythmaient notre descente vers le Sud pas à pas. Nous avons campé lors d’un des soirs de ce séjour dans un spot grandiose dans la Purakanaui Bay ; au bord de l’eau, lumières de la fin de journée rosées et orangés, coffre ouvert, couchée sur la banquette abaissé, j’entamais d’écrire mon troisième journal de voyage face à des otaries qui traversaient la plage tranquillement. Il ne manquait plus que l’apéro, ha non en fait, j’avais mon apéro.
31 janvier
Deux jours après avoir du rendre notre voiture, une journée de stop et une journée en voiture avec Lilou qui repartait dans la même direction que celle que je devais atteindre, j’arrivais dans mon tout dernier woofing pour entamer ma dernière semaine en Nouvelle-Zélande. J’étais contente de retourner chez des locaux, bien qu’assez nostalgique en pensant au fait de devoir quitter ma travelmate. J’ai donc atterrie au Barnacle Bills Lodge à Kaikoura chez Liz, une femme d’une quarantaine d’assez aussi respectable et travailleuse qu’intéressante. Deux mois avaient passé depuis que le tremblement de terre avait frappé en plein fouet cette ville. La seule route rouverte pour y parvenir nous a pris plus de 3h au lieu d’1h30. Travaux dans tous les sens, restes d’éboulement, fissures et trous dans la route, j’étais pour le coup vraiment face à la réalité. La population locale semble pourtant se porter assez bien et la vie a repris son cours, plus ou moins normalement. Tous les gens qui avaient été évacués sont revenus dans leur maison respective, pour peu que les dommages matériels ne les en empêchent pas. Mais les choses ont changé, sérieusement changé.
Lors de mes premières discussions partagées avec des locaux, je me rendis compte que le paysage que je voyais aujourd’hui n’avait rien avoir avec ce qu’il était censé être, ou du moins avec ce qu’il était auparavant. Sur des dizaines de km en bord de côte, la roche était remontée à la surface de l’eau, de nouvelles parcelles de terre étaient apparues, les montagnes autre fois vertes en leur sommet étaient à présent grises car tous les arbres avaient été arrachés par la force de la secousse, les ponts détruits partiellement et certaines maisons avaient radicalement changé de positions.
Liz me fit découvrir les moindres recoins de Kaikoura et me fit rencontrer tous les potes du coins. Certains me racontaient qu’ils devaient prendre quotidiennement les shuttle d’hélicopter pour rentrer chez eux, dans des coins où les routes n’avaient pas encore pu être dégagées ou reconstruites.
Cela fait déjà une semaine maintenant que je suis ici, je dors dans une caravane au fond du jardin AVEC L’ELECTRICITE ouaai et dans un lit double avec un vrai matelas, REOUAAI. Folie furieuse, j’adore cet endroit ! Non sans rire, il y fait bon vivre sincèrement. Les paysages sont grandioses pour ne pas changer, mon hôte plus qu’adorable avec moi et pour une fois je fais un peu moins de ménage, Aamen. Matinées jardinage et après-midi détentes dans le coin, petit marché, fête locale, rando en bord de mer. Cette rencontre avec Liz m’a apporté énormément. Je suis contente d’avoir fini par une expérience comme celle-là. Doux séjour calme (quand ça ne secoue pas encore parfois, cfr réveil 2h du matin de cette nuit, c’est pas bientôt fini vos conneries de tremblement de terre les gars là!) qui touche à sa fin.
Je prends demain la route du retour pour redescendre jusqu’à l’aéroport de Christchurch. Vol pour Melbourne en soirée. Aujourd’hui, je me retourne en arrière et reparcours les quatre derniers mois et demis que j’ai passés ici, sans regrets, juste avec beaucoup de nostalgie, en me demandant toujours si je vais réussir à quitter ce pays et m’envoler demain. A bientôt en Australie les amis !
On adore te lire, je me sens aussi nostalgique que toi… Bon voyage ❤