Et les copains, il faut que je vous avoue quelque chose. Je suis tombée amoureuse… Amoureuse de l’Indonésie et de ce nouveau champ de voyage qui offre a ma liberté vagabonde un terrain stupéfiant de découverte infinie. J’espère que ce qui a fait tant de bien à mon esprit fera de même au votre à la lecture. Changement de continent, de récit mais de regard aussi. Mes sens avertis sont constamment en alerte et mes ressentis parfois difficiles à transposer sur le papier. Ma tête est tellement pleine à craquer de choses à vous conter qu’il m’est difficile de retenir le flux de mes pensées. Les pages de mon carnet, envahies de nouvelles aventures, transpirent l’encre qui ne peut s’arrêter de couler. Et j’adore vous écrire, car cela me fait revivre les débuts de mon expédition asiatique qui a démarré sur les chapeaux de roues.
Je quittais donc l’Australie, sans regret, avec une mélancolie certaine des neuf derniers mois vécus au pays des Kangourous, mais j’étais plus que jamais tournée vers l’avant. Il faut dire que j’avais bien bossé pour et je savais que tout ce qui était a venir prendrait une toute autre dimension dans mon voyage. Dernier dodo à l’arrache a l’aéroport pour attraper mon vol matinal, peu importe la fatigue, mon esprit était lui bel et bien éveillé, même si encore un peu dans le brouillard. Difficile de réaliser que cette nouvelle étape commençait pour de vrai. Je fis cette dernière étape avec deux allemands rencontrés lors de ma dernière semaine à Darwin qui se retrouvaient à prendre le même vol que moi. Arrivés a Bali, nous avions à peine le temps de prendre une bouffée d’air qu’une horde de taxi men quasi enragés nous poursuivait à l’affut de nouveaux touristes à attraper. Après quelques négociations aussi folkloriques que fatigantes, nous embarquions avec notre chauffeur vers Ubud, situé en plein cœur de l’ile de Bali. Premières images indonésiennes; des foules de scooters et de conducteurs qu’on aurait cru possédés s’entremêlaient dans une circulation chaotique que je pourrais qualifier de beau bordel « organisé ».
Arrivée dans ma guesthouse où j’allais rester pour trois nuits, mon hôte Yanick m’accueillait dans sa maison typiquement balinaise. Architecture empreinte d’histoire, échantillon d’un patrimoine culturel dont je ne connaissais que peu de choses pour être honnête, ce logement m’offrait plus de confort que je n’en n’avais connu sur la dernière année. Première journée calme de découverte à pied du centre d’Ubud, les foules me faisaient presque perdre mon sens de l’orientation. Dès les premiers instants, Yanick m’expliqua qu’ils étaient en pleine cérémonie traditionnelle balinaise et m’invita ainsi à me joindre au buffet du soir. Accueillants et chaleureux, les cinquante indonésiens qui m’entouraient m’ont littéralement gavé de nourriture locale que je ne pouvais évidemment refuser. Ils tentaient de m’expliquer le fondement de cette cérémonie familiale très importante et de mon coté j’essayais d’en appréhender les subtilités comme je le pouvais. Même si j’avais l’impression de faire un peu tache dans le décor, je restais discrètement en arrière boire les paroles locales et essayais de m’en imprégner de la façon la moins maladroite possible.
Pour cette première partie de mon voyage, je rejoignais Stan, un ami belge qui vit a Jakarta pour ceux qui ne connaissent pas ce spécimen rare incontrôlable. C’était la première fois que je voyais une tête connue depuis mon départ, et ça faisait un bout de temps l’air de rien. Nos premiers jours à Ubud et dans les environs furent rythmés par bonne bouffe, apéro apéro et évidemment quelques activités productives malgré tout. Ballades en scooter dans les rizières et les waterfalls, visites de quelques temples qui me donnaient un premier aperçu de ce qui composait l’institution la plus importante de l’ile. La spiritualité balinaise illustre l’influence hindoue quasi omni présente à Bali et en dévoile l’esprit religieux qui l’habite, contrairement au reste de l’Indonésie où l’on ne retrouvera quasi que la religion islamique. Les rituels pratiqués sont d’une richesse si importante qu’il serait compliqué de les résumer en quelques lignes d’un pauvre article de voyage. Les innombrables démonstrations religieuses que l’on observe aisément sur l’ile nous donnent certaines pistes de compréhension quant à l’importance culturelle de l’hindouisme et de son étendue au sein de la population. Autels recueillant les offrandes de fleurs colorées et parfois de cigarettes (hein? j’ai pas tout a fait saisi le concept non plus haha), statues balinaises recouvertes de tissus blancs et noirs à damier, tout tend a créer une harmonie que nous aurons tendance à admirer d’abord d’un point de vue esthétique mais qui revêt bel et bien une dimension spirituelle. Ce tout, subjugué par une végétation tropicale grandiose et diversifiée, nous ouvre les portes d’une ile magnifique, bienvenue à Bali où stupéfaction et raffinement ont été les maîtres mots.
Arès ces premières découvertes, Nous sommes partis vers une culture de café locale sur laquelle on était tombée grâce à un local avec qui on avait tapé la discut préalablement mais un peu par hasard en scooter. On avait initialement planifié de se rendre dans une ferme de culture de café assez importante et reconnue dans la région quand on a finalement jugé meilleur de suivre ce petit gars, un peu sorti de nulle part jusqu’à la culture de son cousin qui nous servit alors de guide au travers de son terrain agricole et qui nous offrit en fin de parcours une dégustation de multiples thés et cafés qu’il produit donc sur sa propriété.
Oui oui, nous avons donc testé pour vous le café Luwak. Alors pour ceux qui ne connaissent pas, déposez tout breuvage ou nourriture que vous êtes entrain de déguster car je risquerais bien, contre mon gré, de vous couper un peu l’appétit. Et pourtant ce fameux café local qu’on trouve principalement en Indonésie mais aussi partiellement aux Philippines je pense, est d’une rareté qui en fait un produit haute gamme à apprécier à sa juste valeur. Bon concrètement, y a pas dix milles façons de le dire, les grains de café sortent quand même du cul d’un animal. Pardonnez ma vulgarité, devrais je plutôt dire que celui ci est récolté dans les excréments des civettes palmiques (un être vivant qui ressemble un peu à un furet ou à une belette, j’ai pas encore trancher et dont la digestion quasi inexistante procure apparemment des vertus bénéfiques aux arômes de café. Bref, après avoir mangé les cerises de café pour leur pulpe, ils en rejettent les grains qui sont ensuite traités, lavés et enfin torréfiés. On appréciera les détails quant aux différentes étapes du traitement post éjection qui tentent, malgré l’explication du début du processus, de vous donner envie d’en gouter. En même temps sans essayer, on ne peut pas juger comme on a dit. Et ben franchement si on arrive a faire abstraction du fait que voila quoi, c’est plutôt pas trop mal l’histoire.
Deuxième et troisième jour, nous poursuivons sur notre lancée malgré quelques draches (c’est de la pluie en belge pour les français qui me lisent, derien 😉 ) bien dignes du début de la saison des pluies. On traversa également la Monkey forest, en plein centre d’Ubud où franchement j’avais plutôt l’impression d’être poursuivie qu’autre chose. C’est mignon en apparence, mais ne vous laissez pas tromper par les regards attendris de ces bestioles qui peuvent facilement devenir agressives, même si je pense qu’en l’occurrence, ils doivent être habitués à la présence de l’homme dont ils aiment bien s’amuser tout de même. Je te préviens mon vieux si un de tes congénères essaye encore de me piquer quelque chose, c’est dans ton arbre qu’on ira régler l’affaire. Bagarre, tu veux la bagaaarre ? Comme si j’y avais la moindre chance !
Le week end qui suivit fait malheureusement partie (ou non) d’une étape que je ne pourrais vous raconter. Petite parenthèse de voyage, je me retrouvais donc au sein d’une villa a Seminyak avec une dizaine d’expat de Jakarta principalement, pour un enterrement de vie de garçon (un ami de Stan). Vous comprendrez donc que pour des raisons de confidentialité liées aux acteurs principaux de ce week end de fête à l’indonésienne, je ne pourrais vous divulguer ce qui s’y est produit. Je ne suis de toute façon pas franchement certaine que ceci prenne un rôle cohérent dans mon roman de voyage, bien que je ne vais as mentir, en tant qu’ancienne grande (grande qui a dit grande ? jamaiiis) sorteuse que je suis, ça a quand même fait du bien !
Un jour de glande internationale pour se retaper fut plus que nécessaire histoire de repartir du bon pied vers de nouvelles découvertes. Pour nos deux derniers jours à Bali, nous nous sommes dirigés depuis Kuta, vers la pointe Sud de l’ile. Repartis en scooter, nous avons faits plusieurs arrêts par quelques plages franchement pas trop moches du tout et comme on dit c’était cocktail cocktail sous les cocotiers ! Le temple d’Uluwatu nous offrit une belle dernière vision de Bali en bord de falaise, fort différent de ceux que nous avions visités auparavant. J’ai lâchement échoué à ma revanche avec les singes qui réussirent à me piquer mes lunettes, je vous retiens les gars, je n’oublie jamais un visage ! Magnifique dernière journée donc sur l’ile malgré une chaleur accablante et humide, je n’oserais pas trop me plaindre compte tenu de la vie incroyable que je mène actuellement (« encore heureux » je vous entends déjà).
Nous étions prêts à quitter cette première ile de l’archipel indonésien pour en découvrir une autre, bien moins prisée des touristes et bien plus sauvage. Au petit matin, nous étions donc sur notre vol direction Labuan Bajo, petite ville portuaire de l’ile de Flores et porte d’entrée du fameux parc national de Komodo. Dès nos premiers pas, je compris que nous pénétrions dans une toute autre réalité. Je n’avais jamais vu un aéroport si petit de ma vie, et pourtant la liste de ceux que j’ai vus jusqu’à présent commence a s’allonger ! Un gars de notre hôtel vint pour nous dropper à l’arrière de son 4×4 vers notre logement. Les deux indonésiennes qui nous accueillaient étaient vraiment adorables mais faut bien avouer que parfois ils touchent quand même un peu moins dix mille les indo niveau organisation. A ne pas rendre au sérieux, et quand je dis ça, il faut comprendre que je suis bien sérieuse mais qu’il est de notre rôle de s’adapter à la façon de faire locale et non le contraire (de toute façon si vous voulez voyager, vous n’avez pas vraiment le choix). Ne vous énervez jamais si quelque chose que vous avez réservé n’arrive pas comme prévu. Cela ne fera en rien avancer le problème, hormis que vous attendrez probablement deux fois plus longtemps ou que vous les verrez se taper une barre comme si vous aviez lâché la blague du siècle. Ca me rappelle un réceptionniste à Bali qui nous avait planté pour notre lift à l’aéroport du petit matin. Le mec ne va jamais vous dire, ha non non non, jusqu’au dernier instant qu’il n’a en réalité pas trouvé de driver, peu importe le nombre de fois que vous lui ayez demandé confirmation.
L’art indonésien de faire comme si toujours allait toujours bien même si ce n’est as le cas, mais au final il faut bien se rendre compte que ce n’est jamais rien de dramatique, faut il espérer du moins. Ils ont tout de même le mérite d’être détendus et très peu stressés, ce qui dans les faits, marque une énorme différence avec notre façon de faire européenne du « tout, tout de suite ». Une fois que vous avez donc pigé le système (ou l’absence de système devrais-je dire, tout se met donc naturellement mieux en place. Sinon Labuan Bajo, c’est franchement pas dégueulasse, et en général il faut bien dire que les villes ne sont pas le point fort des indonésiens. On mangea en bord de mer sur le marché aux poissons où sont préparées au barbecue les prises quotidiennes et nous finissions par un verre avec un coucher de soleil qu’on aurait du mal oublier. On s’imagine déjà naviguer en plein océan a la vue d’une infinité d’iles à l’horizon qui vous offre un spectacle à couper le souffle.
Nous avions une « croisière » de prévue deux jours plus tard pour faire le tour des iles environnantes apparemment vraiment sublimes. Alors entre temps, c’est sur terre (ou presque) que nous sommes restés. Si le planning initial nous avait annoncé plein de choses différentes, dans la réalité et la faisabilité des choses, ce fut une autre affaire. Notre première destination fut les Rangko Cave, qui géographiquement ne se situent pas si loin que ça de Labuan Bajo. Ne jamais vous fier à la théorie cartographique. J’avais pourtant déjà appris cette leçon en Nouvelle Zélande, faut croire que ça n’était pas suffisamment rentré dans ma tête de blondasse. Deuxième piqure de rappel, fallait bien se remettre quelques neurones en place. Après quelques infos recueillies auprès de villageois, nous trouvions finalement la « route » vers ces fameuses caves. Et assez rapidement, on se rendit compte qu’on avait pas vraiment réalisé dans quoi on s’était embarqué. On se serait cru dans une course de rally de cross. C’est sur un chemin de terre et de cailloux quasi impraticable que nous nous enfoncions difficilement mais progressivement sans savoir où en était la fin. Sorti de nulle part, un gars en moto débarquait et finit par nous « escorter » jusqu’au village que nous devons atteindre. Il nous attendait aux tournants, nous montrait où se faufiler quand le chemin est totalement détruit, bref il nous a un peu sauvé la mise le coco. Après presque deux heures à travers les collines et la jungle, nous y arrivons enfin. Un mec nous indiqua son bateau pour se rendre jusqu’aux fameuses caves, inaccessibles par voie terrestre et en moins de temps qu’il nous en fallait pour le réaliser, nous montions à bord. Y a pas intérêt à être bien gros, sinon c’est à mon avis en mode Titanic mais sans l’armoire pour vous tenir que vous allez couler. Le bruit du moteur faisait un bruit à vous exploser le tympan mais bon moi qui voulais de l’authentique, me voila servie ! Nous arrivions alors sur cette minuscule petite ile où quelques enfants jouaient loin du monde extérieur et nous guidaient en courant dans tous les sens vers l’entrée des Rango Cave. Aux allures d’un trésor dissimulé et enfoui loin de toute civilisation, nous plongions, au sens littéral du terme, dans ces eaux turquoises dont le reflet nous en prouvait la clarté mais la profondeur aussi. J’avais un eu l’impression d’être dans Atlantiiide, je sais rien avoir, vieux flash back de mon enfance, pardonnez moi cet égarement, l’euphorie me fait parfois perdre ma structure (déjà le mot structuré sonne bof avec l’histoire mais bon, passons).
Le lendemain, c’était reparti pour une nouvelle expédition, similaire sans l’être à la veille, nous reprenions la route pour traverser pendant deux heures à moto une infime partie de l’ile de Flores. Un des plus beaux trajets sur deux routes que j’ai fait en Indonésie, enfin que j’avais fait jusque là. Une fois que nous nous étions écartés de Labuan Bajo qui n’est déjà pas très grand, la seule route principale bétonnée nous emmena dans les montagnes. Et rapidement nous prenions de la hauteur. Nous n’avons croisé que de petits villages et de très modestes habitations en bord de route et la végétation tropicale occupait le tableau d’une façon majestueuse. On s’aperçut de l’étendue sauvage de Flores qui nous parut être infinie.
Après quelques égarements et plusieurs rencontres locales, nous finissions comme à notre habitude à retomber sur nos pattes et à trouver notre chemin vers les chutes d’eau de Rami. La route se transforma en sentier qui bien que peu commode, ne nous impressionna guère après notre aventure routière de la veille. On rencontra la personne qui fut notre guide un peu par hasard et on partit donc en randonnée suivant ses pas, sans trop trop savoir où l’on allait. On eut l’impression de se perdre et pourtant après plusieurs traversées via la jungle, les montages, rivières et rizières, nous parvenions aux fameuses chutes d’eau que nous convoitions. Sans doute d’avantage uniques de par leur localisation très reculée, elles nous offrirent malgré tout un beau spot bien déconnecté de tout où nous avons adorer nous y prélasser dans l’eau. Le tout se finit par un café offert par notre hôte en fin de parcours. D’une simplicité déconcertante, d’une humilité frappante et d’une gentillesse qui vous fait un peu redescendre sur terre. Nos deux journées se concluaient donc par autant de belles rencontres que de splendides lieux perdus dans les recoins de Flores.
Et voilà qu’arrivait notre séjour en bateau. Nous étions vraiment impatients de vivre cette expérience. L’équipage, plus nombreux que les passagers, nous accueillirent sur un bateau en bois assez luxueux tout en restant assez authentique. Et voilà je sais encore pas où me mettre tellement on est bien servi. Paradoxalement à ce qu’on pourrait penser, l’espace y semblait sincèrement vaste. Comparaison dans ma tête avec une de des premières expériences sur un voilier que j’avais connue aux côtés de mon pote pêcheur en Nouvelle Zélande chez qui j’avais fait un woofing, c’est certain ça n’avait rien avoir. Quatre jours à voguer entre les iles plus paradisiaques les unes que les autres, cette escapade me préparait des surprises auxquelles je ne m’attendais pas du tout.
Premier arrêt terrestre sur l’ile du parc national qui abrite les fameux dragons de Komodo. Pouvant mesurer jusqu’ 4-5 mètres, cette espèce en voix de disparition en impose. Aussi rares que dangereux, c’était vraiment quelque chose d’unique d’avoir l’occasion de les voir. Ca ressemble un peu a un mix entre un gros, très très gros lézard et un crocodile. On ne les trouve que sur deux iles indonésiennes et donc nulle part ailleurs dans le monde. Alors c’est super coool ouai j’avoue mais on s’assura de rester quand même à proximité de notre guide qui nous conseilla gentiment en passant de ne jamais trop s’écarter de lui. Une morsure de Komodo (j’avais plutôt cru que ça te bouffait direct haha) vous donnant une espérance de vie de deux jours, on reste d’avantage sur ses gardes pour ne pas trop s’y frotter. Dis mais Monsieur c’est vraiment avec ton petit bâton ridicule en bois là que t’es censé nous protéger si ils attaquent ? On eu évidemment droit à la je suppose fameuse et originale blague de « ils mangent quoi ? Ben ça, ça aussi et parfois des humains aussi ». Ouai très marrant ( Coup de coude à ton voisin, c’est vraiment une blague tu crois ?) Maman je veux pas saaaavoir.
Bref, Tout le monde avait l’air confiant à l’exception de deux greluches du groupe qui n’avaient pas voulu nous suivre, (oui je sais je manque de tolérance parfois, bien que le voyage m’ait probablement ouvert à bien d’autres personnes, les nunuches qui partent en vacances pour faire trois pauvres photos Instagram sans se rendre compte de ce qu’elles ont sous les yeux, je sais pas pourquoi ca passe toujours pas désolééé), mais moi franchement j’étais pas sereine sereine. On en aperçut cinq ou six sur le temps de la ballade au travers de ces terres arides et inhabitées par l’homme. Alors ces fameux Komodo quand ils sont couchés, ça vaaa, ça reste gérable niveau angoisse. Mais une fois que ça se met à marcher, je peux te dire que toi t’as qu’une envie c’est de galoper, vite et loin. En plus, ça sort sa langue comme un serpent en chasse. Bref cette espèce de dinosaure ne manque pas de caractéristiques pour vous rappeler à quel point vous n’êtes pas du tout intouchables en tant qu’humain. Je surpris même Stan à me faire remarquer que « ha ouai quand ça bouge, ça fait son effet quand même » d’un air « je fais mon gros dur en sauvant la face. Ton attrait pour les choses dangereuses (la populace d’amis de Louvain, si vous me lisez vous comprendrez) ne t’épargnera pas d’être la cible, au même titre que moi, de ces animaux en vue de leur prochain repas, haha, et ben quuuoi t’es pas bien ? Rolala la médisante que je suis.
Après cette première visite inédite dans son genre, nous passions notre première nuit en cabine au calme, avant de se réveiller aux aurores pour le lever de soleil en haut de la colline de Padar Island. C’est le genre d’instant que les photos ne peuvent illustrer et que les mots ne peuvent décrire (ou du moins pas les miens). Mais je vous mets quand même une photo parce que je suis sympa .On avait encore perdu les autres après dix minutes de marche, rolala les boulets mais laisse tomber. Reste sur ton rocher m’en fous, moi je vais kiffer en haut.
La suite de la croisière prit des allures de cartes postales. Nous avons fait pas mal de snorkelling dans les différentes Bay du coin. J’étais comme une gamine devant le film d’animation de Némo, sauf que j’étais vraiment dans l’eau et que je voyais de mes propres yeux ce spectacle; coraux aux milles et une couleurs, diversité infinie de poissons, tortues et raies Manta, on en eut plein la vue. J’aurais pu patauger des heures. Et c’est un peu ce qu’on a fait en réalité. Et celui laa c’est Dori ! Non en vrai, Jo, ca s’appelle pas un Dori et l’autre c’est pas non plus le grand manitou de l’aquarium qui aide Némo à s’échapper mais moi ça me faisait des références alors j’étais contente. Brave fille… Bon sinon plus sérieusement, le gros coup de cœur sous marin c’était quand même ces gigantesques raies Manta. Tu flottes, tu nages et tu les vois défiler sous toi comme si ça volait. Elles se déplacent avec une fluidité et d’une façon si majestueuse, que cela combiné à leur envergure assez imposante, ça vous en bouche un coin !
Autant en mer que sur terre, il m’était donc impossible de ne pas être comblée. Coucher de soleil sur l’ile ou sur le bateau, l’inspiration d’écriture me revenait à la vitesse de la lumière. Mon carnet de voyage se remplit de tellement de si belles choses que j’en oublie parfois mon sens des réalités. Hors du temps. Pause. Ca m’a fait un bien fou.
Nous n’avons pas eu énormément d’affinités avec les deux couples du groupe, l’un anglais et l’autre indonésien mais je peux vous dire que dans des contextes pareils, vous en faites très facilement abstraction. De retour sur terre, le temps avait à nouveau filé si vite que c’était comme si il s’était évaporé. Je veuuux rester, peut-être que si je me planque sur la barque à l’arrière ils me verront pas ? Bon d’accord, il est temps de repartir et j’en étais déjà nostalgique.
La stupéfaction et les découvertes ont ravivé comme les premiers d’enfant, les yeux grands ouverts, ébahie face à un monde qu’il ne connait pas. S’émerveiller ne fait plus partie d’une quelconque imagination à laquelle on se laisse aller. S’émerveiller fait partie de la vraie vie. Les sensations coulent comme un surplein d’adrénaline et d’apaisement à la fois. La magie du voyage quand vous lui laissez vous transporter. Curiosité de voyageur qui ne fait que s’accroitre et j’ai bien peur qu’il soit plus difficile que prévu de la freiner un jour.
Enfin, loin et bien plus haut que tout cela, nous attendait l’aventure ultime. Changement de registre, nous voilà prêts (du moins c’est ce que nous pensions naïvement pour un vrai challenge sportif qui achèvera ma première partie de voyage, accompagnée de Stan. Au lendemain de notre dernière soirée à Labuan Bajo et de notre retour dans « l’hôtel » chez nos ptites madames qu’on avait adorées, on s’envolait à nouveau vers une nouvelle ile. Bah oui je sais ça fait beaucoup de vols, mais c’est qu’y en a un paquet des iles en Indonésie et on en aura probablement même pas vu 5%.
Attention, Mesdames et Messieurs, (parfois j’imagine des gens de l’autre côté de l’écran pour pas avoir l’impression que j’écris dans le vent haha) accrochez vous pour ce dernier, je vous le promets, récit de cet article, on tient le coup on lâche rien, suivez moi pour encore quelques lignes dans l’ascension du Mont Rinjani sur l’ile de Lombok ! Trajet en voiture tumultueux depuis l’aéroport jusqu’au petit village de Sembalun qui se situe au pied du volcan en question. Salim nous droppa avec toute sa petite famille dans notre premier taxi et vint l’enchainement de shuttle pendant plus de trois heures. Je pus appliquer ma nouvelle stratégie de semblant de survie « tu fermes les yeux quand tu crois que ton chauffeur va te faire perdre la vie». Et je pense que cette nouvelle stratégie va à mon avis pas mal me servir dans la suite de mon périple asiatique des prochains mois. Nuit de préparation psychologique à notre trekking qui commençait le lendemain matin, chambre au confort un peu rustique, on se mettait déjà dans le bain ! Nous rencontrions Youri et Kim, un couple d’hollandais plus ou moins de notre âge avec qui nous constituions notre petit groupe de randonnée.
Après quelques formalités et arrêts en tout genre parce que le guide avait oublié çaa puis que le chauffeur devait s’acheter ses clopes, et que machin devait passer par chez son pote pour je ne sais quelle autre raison, enfin vous avez saisi l’idée, nous étions finalement au pied de ce qui fut un rêve autant qu’un enfer par moment. Notre guide ne parlait qu’un anglais très sommaire et il nous était donc souvent difficile de communiquer mais en soi la tâche était « simple » : suivre le mouvement et grimper. Grand respect pour ses dizaines de porteurs indonésiens que nous avons croisés tout au long du trail et qui vous portent 30 kilos répartis sur deux paniers en osier soutenus par un semblant de bois en bambou en courant quasi, en flip flop quand vous rampez déjà essoufflés par l’effort (ben oui qui d’autre porterait la charge indécente nécessaire aux aventures des petits blancs que nous sommes, auto critique probablement un peu déplacée compte tenu du fait que sans eux, ce genre de trekking nous serait impossible physiquement.
Jour 1 : sept heures de marche en pure montée constante jusqu’au camp de base du Rinjani. Peu importe le rythme que vous arrivez à tenir, vous n’êtes définitivement jamais seuls sur ce chemin de randonnée. L’ascension du volcan Rinjani étant une des plus prisées d’Indonésie, vous croisez à tout moment des compagnons de marche bien que les discussions restent limitées à cause du souffle indispensable à l’effort produit, une certaine solidarité silencieuse entre voyageurs souffle sur ces montagnes. C’est un brin fatigués mais sans trop d’embûches que nous parvenons à la fin de la première étape. En cours de route, nous avions égaré notre guide qui nous suivait toujours depuis l’arrière, s’assurant juste donc qu’au moins nous avancions. Arrivée aux premières tentes que l’on aperçut, on attendit donc celui-ci afin de savoir ce qu’il en était pour l’installation du campement pour la nuit. « Guiiide en vue, guide en vue ». « Pas de porteur en vue, pas de porteur en vue ». Qui dit pas de porteur, dit pas d’équipement de camping, pas de nourriture, pas de recharge en eau, enfin dit qu’on va pas se marrer, et pourtant ! Moi je vous le dis, ça puait un peu cette histoire. Notre flair nous disait bien que quelque chose craignait.
Les heures passaient, les autres groupes mangeaient, buvaient du thé chaud, s’affalaient dans leur tente quand nous, on attendait toujours. Le paysage donnait sur une toute première vue du volcan et de son énorme lac au coucher de soleil, lot de consolation à notre manque de ravitaillement, ça restait tout de même bonne ambiance. Fou-rire général nerveux et fatigué avec nos potes hollandais à la vue de notre situation quelque peu précaire. Notre guide nous trouva finalement une tente, qu’il a chouré à un autre groupe je crois et nous tape dedans avec deux sacs de couchage et tapis de sol pour quatre et une place suffisante à faire dormir quatre personnes au gabarit d’indonésien, autant dire pas au nôtre. Fermeture de la tente cassée, je vous raconte pas comment c’est pratique quand on dort en altitude avec un froid et un vent qui vous glacent le sang. Il ne nous restait qu’une seule chose à faire, tenter de dormir pour oublier la fin et la fatigue et puis on verra bien ce qu’il en est demain.
Notre porteur dont c’était en fait la première ascension au Rinjani finit par arriver de nuit après que notre guide ait été à sa rescousse. Repas nocturne, recroquevillés dans la tente et tentatives de trouver le sommeil aussi mauvais qu’il soit. On ne sait toujours pas d’où ils sont sortis mais le lendemain, deux porteurs en renfort nous avait rejoint pour la suite du trekking.
Jour 2 : Réveil à 2h du matin pour finir l’ascension qui mène au sommet culminant à plus de 3700 mètre d’altitude. Objectif d’arriver en haut pour le lever de soleil, ceci fut la partie la plus difficile de la montée du volcan depuis son début. Eclairés à la lampe frontale, nos pieds s’enfonçaient et glissaient dans ce qui ressemblaient à des dunes de cendres. C’est un peu comme si vous essayiez de marcher en montée, raide au point de vous faire perdre l’équilibre à l’arrêt, dans le sable, avec quelques cailloux pour amortir au cas où vous vacillez un peu trop, pendant trois heures. Alors que les dernières centaines de mètres nous paraissaient insurmontables, les étoiles faisaient place au soleil qui montait, et notre rythme ne faisait que ralentir encore et encore. Chaque pas devenait un effort à part entière. Plus j’essayais de continuer de grimper, plus la couche de cendres me faisait reculer. Un pas en avant, deux en arrière, il était compliqué de se motiver par notre progression lente. Nous finissions par atteindre le sommet péniblement.
Mais à ce moment là, vous oubliez la douleur et la fatigue qui disparaissent temporairement à la vue 360° du volcan et de l’île de Lombok que nous pouvions voir dans son entièreté. A couper le souffle que nous n’avions déjà plus. Nous observions le lac et la cheminée du volcan vus tous deux de haut avec en récompense le flanc de la montagne que nous avions gravie. Un des plus beaux points de vue que j’ai eus de toute ma vie, sans doute sublimé inconsciemment aussi par l’exploit accompli (qui nous a quand même pris quatre heures au final).
Redescente difficile de 2h30 mais splendide, petit déjeuner et repos de courte durée avant la suite de notre trekking qui annonçait encore 7h de marche dans la même journée. Mon genou droit commençait à montrer des signes de faiblesse et une petite voix me disait dans ma tête que ça n’était pas bon signe pour la suite. Nous descendions dans le creux du cratère au bord du lac en quelques heures supplémentaires.
Bain naturel dans les Hot Springs du coin. Réflexion et hésitation générale quant au point de campement du deuxième soir, l’état des troupes était faible et nous ne savions pas si nous serions capables de marcher encore 4h de plus. Fallait-il s’arrêter ici ? Nous finissions par nous rendre à l’évidence que remettre au lendemain une partie du trekking n’était ni rationnelle, ni intelligent et poursuivions donc notre route (aucun campement apparemment possible entre l’arrêt au Lac et le campement du post 3 sur l’autre versant de la montagne). Allééé c’est reparti, maintenant on remonte tout le volcan sur le flanc d’en face pour en sortir. Nous avancions, je ne sais pas trop comment mais mon genou me disait merde et bien que je tentais de l’ignorer, chaque pas en descente me provoquait une douleur qui me donnait un peu envie de hurler. Alors en montée, c’était encore plus ou moins supportable mais une fois arrivés au bord de la montagne, il nous fallait encore descendre une bonne heure.
Et ce fut alors l’impasse. Malgré le soutien moral de Stan, Youri et Kim, j’en bavais au point de ne quasi plus savoir avancer. Ca tirait tellement dans ma jambe qu’à chaque fois que je devais plier la genou, je souffrais comme si on m’étirait le muscle dans une de ces salles de torture de film.
Bref ça a finit de nuit à la lampe torche, en 3h de « marche » très lente mais constante et ininterrompue sur un chemin plus glissant et pentu que jamais. Stan et le guide restèrent avec moi jusqu’à la fin alors que nous envoyions les hollandais en avant, exténués eux aussi évidemment par l’aventure et impatients d’arriver. 15H de marche donc on compteur, il n’est pas nécessaire de vous préciser qu’on l’a senti passé. Les gens ne disent pas faux, ce fut malgré tout cela un magnifique trekking. Le décor y est subjuguant et irréel. Aucun regret quoi qu’il arrive, comme on dit « ça en valait la peine ».
Jour 3 : Retour difficile et fin de descente de la montagne en matinée, par la force du Saint Esprit auquel je ne crois pas, mon genou semblait être décidé à m’emmener jusqu’en bas. Big up à nos amis de route hollandais avec qui ça a été super de partager tout cela. Youri me rejoint sur le banc des éclopés et nous finissions donc à notre aise, doucement mais sûrement l’aventure Rinjani, entiers malgré tout avec une belle histoire à raconter à la fin. Notre Guide rassuré de n’en avoir dû porter aucun (bah oui les rapatriements, secours, tout ça tout ça, ça existe pas trop en Indonésie) et de nous avoir tiré tous jusqu’à la fin.
Nous retournions vers le Nord de l’ile où nous sommes restés à Kuta pour une journée de repos plus que nécessaire. Je vous laisse ici les amis, ceci fut bien assez long ! Merci aux valeureux qui auront lu jusqu’au bout, désolé à défaut d’avoir eu peu de contenu pendant mes quelques mois de labeur en Australie, ici j’en ai beaucoup trop à vous à partager.
Je mets donc pause au point de cette étape qui s’est achevée il y a maintenant 4 ou 5 jours et vous dis à très très bientôt pour la suite et fin de mon aventure indonésienne que j’ai donc poursuivie en solo. Stan est retourné à Jakarta et moi suis sur l’ile de Java mais bien plus à l’ouest du côté des volcans Kawah Ijen et Bromo, bien plus aisément accessibles je vous rassure. Je ne vous en dis pas plus pour l’instant et essayerais d’écrire plus vite afin de ne pas trop vous tenir en haleine.
Photos Flickr chargées jusqu’à l’étape de Lombok, la suite sera disponible avec mon prochain article, merci de m’avoir suivie jusqu’ici si vous êtes toujours là !