Après notre coup de coeur pour Hoi An, nous voila reparties sur la route. Nous poursuivons notre remontée vers le Nord petit à petit et c’est sur Mui Né que notre dévolu s’était jeté. Notre trajet en bus se déroule toujours sans trop d’encombre, le Vietnam nous aura clairement épargné à ce niveau là, profitons-en tant que ça dure (parce que rien n’est moins sûr en Asie et je préfère ne pas trop m’habituer à ce niveau de confort sans embûche). Après une petite marche, ma foi, plutôt pas vraiment agréable, nous finissons par rejoindre notre hôtel sous une grisaille constante qui ne se décroche pas du ciel. Les températures restent malgré tout à fait convenables, ne restent à supporter que la moiteur et l’humidité de nos corps un peu éreintés. Je suis étonnement surprise du centre ville (actuel et non de l’ancienne ville de m’autre côté du pont), plutôt convivial et animé, que j’avais d’avantage imaginé glauque et inutile. Ca tombe plutôt bien parce que le lendemain c’est Noel ! Dans les faits, on s’en cale un peu comme de l’an 40 de Noel mais pour dire que, voilaa quoi on va quand même fêter ça
Le seul attrait reconnu de cette région se trouve dans l’origine historique de la ville. On ne va clairement pas à Hué pour ses paysages. Par contre d’un point de vue culturel, ça reste une étape immanquable selon moi Au Vietnam. On se refait un peu de culture générale s’il vous plaaait ! Autre fois capitale du pays, celle-ci hébergeait le siège des empereurs entre les années 1800 et 1945. On dit que pas mal de sang impérial coule encore dans les veines d’une grande majorité de la population locale. Hué joue donc aujourd’hui de sa richesse historique en accueillant bon nombre de touristes,notamment grâce à sa fameuse cité impériale encore partiellement conservée/reconstituée, située au sein même de la citadelle royale qui est elle-même entourée de larges et hautes douves qui délimitent un périmètre carré sur une dizaine de kilomètres. Au matin du 24 décembre, nous nous armons donc de nos kways préférés pour se plonger dans cette visite assez intéressante, qui nous change complètement de ce que nous avions fait jusqu’ici. Effort persistant malgré le mauvais temps, nous ne regrettons pas notre matinée. En s’y baladant, on a d’avantage l’impression d’être en Chine qu’au Vietnam mais compte tenu du passé historique d’un point de vue politique, religieux et géographique, ça se comprend.
Nous ferons halte pour le lunch dans un petit boui-boui/restaurant qui ne paye pas de mine mais qui est tenu par un petit vieux vietnamien, sourd et muet, au coeur 10 fois plus gros que mon sac à dos (et il est quand même balèèèze mon sac à dos). On continue notre épopée culinaire, s’amusant à tester chaque spécialité des lieux où nous nous rendons et nous y passons un bon moment, humainement inoubliable. La pluie rebat son plein mais nous décidons malgré tout de reprendre notre courage à deux mains pour aller s’enfoncer en scooter dans la vallée des tombeaux impériaux, un peu à l’extérieur en contre-bas de la ville. Je dois dire que nos visites de l’après-midi nous ont d’avantage touché que celles du matin. Nous découvrirons trois tombeaux de la dynastie Nguyen, très différents les uns des autres et avec une atmosphère particulière à chacun. Je ne sais pas si c’est l’histoire, la grandeur des monuments où le brouillard mystique qui traverse la région vallonnée qui nous fait tant d’effet, mais nous y découvrons des lieux emprunts d’une spiritualité qui s’apprécient différemment selon nos sensibilités personnelles. Et on s’y laisse bien emporter.
Retour semi chaotique, heu complètement chaotique vers la ville. Fanny est habillé d’un costume semi martien, semi astronaute pour se protéger de la pluie et moi je me contente de tenter de garder mes yeux ouverts complètement noyés histoire de nous ramener à bon port. Les fou-rires liés à nos accoutrements respectifs maintiennent la joie de vivre malgré le climat. Bon en même temps, si on se préoccupait de nos apparences en voyage, cela ferait bien longtemps que je serais rentrée. #mêmes3tenuesdepuisplusdunan. On a plus eu l’impression de faire du scooter sur rivière que de conduire sur une route bitumée, mais pas de doute on s’en souviendra ! Nous achèverons notre journée en s’autorisant un bon resto, et quelques verre #sceauxdegintonicpournoel. Hué, tu nous as bien trempé mais on t’aime quand même !
C’est sous quelques éclaircies fortement appréciées que nous quitterons cette ville pour notre prochaine destination : Phong Na Ké Bang et son parc national. Les trajets en bus étaient bien jusque là, jusqu’à ce qu’on se farcisse un guide relou dans le bus qui parle au micro pendant 4h comme si on était en colonie de vacances (on avait à priori pas signer pour un tour organisé). Ta tête va finir dans la fenêtre Monsieur je te préviiiiens. Arrêt chelou semi psychédélique-semi religieux auprès d’une église décorée d’arbres gonflables lumineux et d’une crèche aussi kitch et de mauvais goût que la voix de notre guide, pitiééé qu’on arrive.
Heureusement pour nous, notre arrivée au petit village aux allures montagnardes de Phong Na nous fait oublier le trajet abrutissant de la matinée, et on finit assez vite par en rigoler. Et la biims, deuxième coup de coeur. Première vraie destination »nature » du Vietnam, l’ambiance décontractée du village composé de deux rues, nous amène même quelques rayons de soleil. Nous avions bien visé, et ne s’étant qu’à moitié réellement renseignées sur cette région, la surprise fut totale au cours de nos deux jours sur place. Si vous êtes spéléo dans l’âme, ce parc national fera vite office de paradis. Abritant des centaines de caves différentes sur des étendues infinies, aussi impressionnantes par leur profondeur que leur grandeur, cette nouvelle étape nous réconcilie définitivement avec les grottes. Pas de notre faute, on a que les grottes de Han en voyage scolaire comme référence, c’est certain que ça vend moins du rêve. Du pipi de chat à côté des caves vietnamiennes, même moins que ça, du pipi d’un chat qui n’arrive pas à pisser, je dirais même ! Bon d’accord, je m’arrête. No offence, nous sommes toujours fières de nos origines belges. C’est juste que parfois, il faut bien se rendre à l’évidence.
Notre première visite de la Phong Na Cave se fera en barque, étant seulement accessible par voie aquatique (voie aquatique ça se dit ça ? fluviale, disons fluviale). Le paysage est captivant ; formé d’innombrables pics karstiques aussi verts que la tenue de pluie de Fanny, une certaine douceur flotte sur l’eau. Ce parc national déploie des trésors de la nature entre centaines de grottes et une faune tropicale assez unique. Et alors que nous nous enfonçons dans cette fameuse cave, les têtes levées et tournées en tout sens, les « waaaouw » généraux rythment la visite. De gigantesques formations rocheuses creusées, les plus insolites les unes que les autres, forment le décor de cette grotte immergée, façonnée comme ses voisines, il y a plus de 400 millions d’années.
Pour les explications géologiques, vous irez consulter un spécialiste, nous, nous sommes contentées de nous émerveiller comme des enfants devant un spectacle de magie. Tenons tout de même à préciser que ce parc, classé par l’UNESCO au patrimoine mondial, abrite la plus grande grotte du monde découverte à ce jour, malheureusement sa visite ne coûtait pas assez cher pour nous, seulement 4000 dollars, du coup on a préféré passer notre tour 🙂
Nous poursuivrons notre aventure dans les caves dès le lendemain, après avoir à nouveau enfourché un scooter pour la journée. Et on s’exclame littéralement autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les routes de montagnes nous offrent des vues imprenables enfouies dans une brume qui se fond dans le parc. Entre randonnée le long de chutes d’eau et découverte de la fameuse Paradise cave, on en prend une nouvelle fois plein la vue. Ces palais taillés dans la roche sont époustouflants tant par leur variété que leurs imposantes stalactites et stalagmites. On est scotché. Un ponton en bois traverse l’ensemble de la cave sur des centaines et des centaines mètres,si bien qu’on a l’impression que ça n’en finit jamais. difficile de s’en lasser ou de faire les blasés. Et comme ça nous avait vachement amusé la première fois à Hué #rireforcéounerveux, on se rechallenge pour un retour sous une pluie battante au coucher de soleil. On a adoré aussi, notre hôte d’une bienveillance remarquable, les belles rencontres locales ne font décidément que s’enchaîner au Vietnam.
Nous quitterons une personnalité attachante pour en retrouver une autre dès le lendemain. Nous décidons de prendre le bus de nuit jusque Tam Coc, située dans la région de Ninh Binh, ça bouge pas mal mais c’est qu’il y en a des choses à découvrir au Vietnam ! Bienvenue cette fois dans nommée « Baie d’Halong terrestre » (vous comprendrez la référence plus tard) dans laquelle nous débarquons donc à 3h30 du matin et chance pour nous, le mec de la guesthouse que nous avions réservée vient nous chercher au milieu de la nuit à notre arrêt de bus pour nous offrir un second sommeil plus que nécessaire. La famille vietnamienne est adorable, on est gavé de nourriture faite maison en tout genre du matin au soir et l’accueil y est clairement royal, ce qui réchauffe un peu le moral des troupes après une nouvelle expédition pluvieuse à vélos. Les paysages restent tout aussi splendides, mais nous sommes quelques peu affaiblies par les conditions météorologiques. Ce qui n’empêche malgré tout jamais, ô grand jamais, des découvertes inattendues. Alors que nous roulons entre rivières et montagnes, décor digne d’une vraie peinture, c’est en visitant un temple ancré dans la roche, que nous finirons par nous perdre dans les recoins de Tam Coc.
Depuis le plateau de vue de cette petite pagode, j’aperçois au loin un petit escalier qui s’estompe de l’autre côté d’une formation de collines. Sans relâche, nous poursuivons notre recherche en quête d’en trouver l’entrée et finirons alors par pénétrer dans une espèce d’oasis montagnarde de rizières inondées, encerclée de ces fameux pains de sucres et pics karstiques. Le sentier qui mène à l’unique maison de ce recoin paradisiaque (yolo le meec, il a un jardin plutôt pas mal et surtout pas trop grand) est très boueux mais nous nous laissons d’avantage attirées par l’envie de s’y enfoncer toujours un peu plus loin. Nous nous y sentons clairement seules au monde, au milieu de cette immensité naturelle incroyable, un des nombreux petits bonheurs de voyageur. La région est vraiment sublime et nous n’osons pas imaginer à quoi cela ressemblerait en belle saison; les rizières vertes et jaunes en plein soleil. Un embarcadère central, se trouve auprès de la rive principale du petit village de Tam Coc et on y observera de loin les rameuses, ramer avec les pieds ! Mmmh, pourquoi pas !
Vu le nombre de barques amarrées au bord, on imagine le défilé de touristes à la chaîne en haute saison, ça nous réconforte un peu dans notre timing et nous restons soulagées de ne pas être en pleine saison des pluies non plus. Challenge je veux bien, mais faut pas abuser ! Parce que là elle est gentille la pluie, elle te laisse quand même aller flâner sans te jeter un sceau d’eau sur la gueule toutes les demi-secondes.
Bref, bref, j’ai du mal à imaginer me plaindre dans tels endroits de toute façon. On s’amuse encore une fois des petites attentions locales, #recevoiruncadeaudenoeldansuneboitedeparacetamol #ilssontmignonscesvietnamiens et on se recharge de plein d’ondes positives en profitant au maximum de l’accueil chaleureux de nos hôtes qui auront été aux petits soins du début à la fin. On sait pas pourquoi, ils aiment bien attendre que tu sois dans le bus, certains que tu partes, faisant au revoir du signe de la main comme une maman à son enfant. Ou peut-être qu’ils anticipent les potentiels foirages, masqués discrètement sous un regard attentionné. On restera sur la théorie de pure gentillesse.
Mais avant de quitter ce havre de paix un peu mouillé, on ne peut que céder à l’une des traditionnelles croisières en barque lors de notre deuxième journée dans le coin, seul moyen de pleinement apprécier la beauté du paysage. Grand respect pour ces rameuses qui travaillent d’arrache pied en fournissant dix fois plus d’efforts que nous ne pourrions en produire. Nous voguons vers des étendues sublimement mises en valeur par une lumière très timide qui perce au travers des nuages en passant par 8 ou 9 grottes différentes pour découvrir des lagoon reculés.
L’expérience vaut la peine, c’est indéniable mais un sentiment quelque peu dérangeant nous reste sur la fin. L’expression des travailleuses, le « questionnaire de satisfaction » à la fin, et une ambiance parfois un peu spéciale donne l’impression d’un climat tendu et surcontrôlé par les autorités. Si on sait déjà que même pas le quart de notre prix d’entrée va directement à la rameuse, leur visage ne fait que nous conforter dans l’idée qu’ici le gouvernement ne rigole clairement pas. Pas la peine de parler de libre arbitre, d’expression ou de respect des droits humains, on sent bien que le business du tourisme est maintenu et encadré par une politique peu intéressée par le bien-être de ses citoyens. Ce petit gout amer fait donc office de rappel par rapport à la situation des populations vietnamiennes les plus pauvres. Toujours bon de laisser son cerveau en alerte, au cas où on oublierait de regarder les « mauvais côtés » pour se conforter dans des vacances idylliques. L’idée n’est pas de noircir le tableau évidemment mais bien de garder les yeux ouverts sur certains aspects du voyage dans ce genre de destination asiatique.
En combinant toutes ces dernières étapes, on a eu notre dose de nature revigorante et ça n’était clairement pas pour me déplaire. Je ne m’attendais pas du tout à une telle diversité dans les différentes régions du Vietnam et je n’en n’ai probablement vu qu’une maigre partie. Je vous ai déjà dit que souvent je serais bien restée plus longtemps qu’un mois dans chaque pays ? Plus l’on en voit, plus les possibilités s’ouvrent comme jamais je ne les avais perçues auparavant. Le voyage n’a presque plus de limites. Quoi tu vaas voyager toute ta vie peut-être ? C’est pas la vraie vie ça ! Et ben pourquoi pas mon petit Monsieur ! (ironie ou pas, pas d’inquiétude la Belgique finira bien par me rappeler d’ici quelques mois, c’est promis les copains 🙂 )
La suite de notre récit se trouver au nord, toujours plus au Nord et s’achèvera en serpentant dans la fameuse Halong Bay, jusqu’au bout, notre voyage au Vietnam a été d’une intensité exaltante…