A force de se laisser porter par le voyage, on en oublie complètement à quel point le temps file. Mais me voici, après quelques petits ajustements techniques et retards en tout genre, de retour ! Peu importe, la notion de temps n’a pas énormément d’importance au final 🙂
18 janvier 2018
Au petit matin, à peine remises de notre périple de 14h en bus de la veille au retour de Luang Prabang, Manon et moi quittions donc une nouvelle fois cette charmante ville pour partir à la découverte de l’Elephant Conservation Center de Sainyabouli/Saryabouli pour deux jours. Voyageant en Asie depuis quelques temps déjà, il était difficile de passer à côté de la rencontre de cette espèce aussi passionnante que majestueuse. Mais plus on prend le temps de voyager, plus on se rend compte également des backgrounds de certaines activités touristiques qu’on aurait probablement pas soupçonnés initialement. Nous nous sommes tous (ou pas) déjà imaginés à dos d’éléphant dans une jungle luxuriante, persuadés qu’on y vivrait une expérience humaine incroyable. Mais quid de cette expérience incroyable, une fois que vous avez vu depuis des mois et des mois, à travers plusieurs pays, des dizaines de « riding camps » regroupant des éléphants enchainés, alignés comme à la foire, dans un espace qui ne serait probablement même pas suffisant à votre gosse de 4 ans et dont le seul objectif est un business alimenté par la demande constante des touristes, aveuglés ou ignorants ou simplement inconscients.
Le sujet est assez large et complexe. Et pour être honnête il y a quelques temps je n’en connaissais relativement presque rien. Ayant un peu par hasard potassé sur le sujet, la dizaine de récits de l’horreur sur la maltraitance de ces animaux avait allumé le signal d’alerte là haut dans ma tête et m’avait quelque peu interpellé bien que, soyons honnêtes, je n’avais jamais été impliquée dans quelconque projet de défense ou préservation des animaux. Le voyage vous ouvre l’esprit comme on dit ! Il n’est donc jamais trop tard pour s’y intéresser et surtout tenter une approche un brin différente voire carrément plus respectueuse. Le Laos, nommé autrefois le « pays des millions d’éléphants » n’en comporte plus aujourd’hui que quelques centaines. 800 selon le dernier recensement dont 400 libres et sauvages dans les quelques forêts qui le permettent encore et les 400 autres domestiques, donc en captivité. Ne nous méprenons pas, l’espèce humaine n’a pas attendu le développement du tourisme pour exploiter cette espèce aujourd’hui en voie d’extinction. Les éléphants, c’est en voie d’extinction ? Et ben bien plus que tu ne le penses mon petit ! Le logging d’autre fois (travail des éléphants dans le secteur de l’industrie forestière) a peu à peu été remplacé par un nouveau « besoin », ou devrait-on dire une nouvelle lubie des humains, le riding des touristes.
La problématique est cependant bien plus large que ce qu’elle n’en laisse paraître aujourd’hui. La survie de l’espèce à l’état sauvage est gravement menacée par la perte de son habitat naturel (expansion agricole, développement de l’industrie forestière et de l’infrastructure industrielle (barrages, routes) et à un degré moindre, par le braconnage pour l’ivoire ou l’exportation illégale des animaux. La concurrence pour l’espace conduit à des conflits croissants entre les éléphants et les hommes. Et l’éléphant participe aujourd’hui au travail qui le mènera à la disparition de son espace de vie, et donc directement, à sa propre perte. Vous me direz, c’est un phénomène qu’on peut observer de façon très répandue chez d’autres espèces, y compris en premier, l’être humain. C’est en l’écrivant moi-même que je réalise à quel point nous (et moi la première) préférons fermer les yeux face à de tels constats qui nous empêcheraient de vivre confortablement, la conscience tranquille. Oooh la rabat joie, oui je sais 🙂 Mais c’est bien d’ouvrir grands les yeux de temps en temps !
Traditionnellement, les populations d’éléphants sauvages étaient capturées et domestiquées. Depuis que la capture a été interdite par le gouvernement, la population d’éléphants domestiques a chuté. Avec une augmentation de la demande d’éléphants par l’industrie forestière, les animaux ont été mis au travail à des cadences effrénées. Ils sont surchargés de travail et épuisés, et par conséquent ne peuvent pas/plus se reproduire. Un nombre incalculable d’éléments joints les uns aux autres nous amène donc à la situation telle qu’elle est aujourd’hui au Laos et dans bien d’autres pays d’Asie également (Cambodge, Vietnam, Thailande, etc, etc). Taux de reproduction de plus en plus faible, taux de mortalité de plus en plus élevé: pas besoin d’être Einstein ou de vous faire un dessin pour comprendre que nous avons atteint un point critique, du quel il est quasi impossible de faire marche arrière, du moins au Laos.
Et c’est là qu’intervient l‘Elephant Conservation Center que nous avons découvert, qui, noblement et sans limite, se dévoue à une cause qu’ils décrivent eux-même presque déjà perdue d’avance. C’est qu’ils ont une sacré détermination par là bas ! Inspirante le respect et appelant à la réflexion, nous plongions donc dans une aventure que nous n’avions pas imaginée. Si au départ, l’objectif était d’aller à la rencontre des éléphants sans soutenir la moindre activité de maltraitante, nous nous retrouvions finalement, sans trop l’avoir vu venir, le bec dans l’eau, à patauger au milieu d’une thématique bien plus globale, en essayant de se maintenir à flot, à la vue de notre propre comportement. Eco-tourisme ou tourisme durable, l’expansion de ce nouveau moyen de voyager a encore du terrain à conquérir. Et comment être certain de faire le tri correctement dans toutes ces tendances où il n’est pas toujours si évident de discerner le « bon » du « mal ». Alors que certains ne feront que jouer de cette nouvelle image bobo qui marche bien, pour faire dans le cliché, d’autres y seront véritablement investis par principe, par ce qu’on appelle communément l’éthique, puis par passion aussi.
Continuons d’affûter nos sens et ne cessons jamais de faire courir le marathon à notre esprit critique car il y a bien de quoi rester éveillé. Une chose est certaine; les bonnes surprises sont probablement aussi nombreuses que les déceptions liées à certains événements auxquels nous contribuons, pensant probablement bien faire, alors qu’il n’en est peut-être rien.
Bon l’idée n’était pas de vous plomber l’ambiance les copains, mais autant poser le contexte avant de se plonger au cœur de l’aventure. Après deux bonnes heures en minivan en mode montagnes russes, nous embarquions sur le bateau qui nous conduisit à la fameuse réserve qui fait un peu plus d’une centaine d’hectares. Le cadre est idyllique, nos bungalows en bamboo avec hamac nous donnaient d’avantage envie d’y poser le cul sans jamais en repartir mais les visites commencèrent rapidement. Première partie de l’après-midi en discussion avec l’un des responsables vétérinaire du centre, qui nous redessina le passé pour en venir au présent puis à l’avenir. On est en mode bon élève sur nos bancs d’école : on écoute, on se tait et on pose des questions en passant à côté de notre premier éléphant en plein traitement. Waaaaouw, il y a des choses devant lesquelles on se sentira toujours gamin je vous jure, y a rien à faire.
Baah les éléphants d’Asie, ça envoie du lourd et c’est le cas de le dire. Si leur puissance est à la hauteur, paradoxalement, de leur fragilité, c’est totalement bouche bée, que nous parcourions les premiers sentiers du centre qui nous menèrent ensuite à notre premier moment d’observation. Du haut de notre petit belvédère où nous prenions notre lunch, toujours en mode enfant émerveillés, nous regardons en silence, un éléphanteau et sa mère, se baigner en face de nous. Nous faisons aussi rapidement la rencontre des « mahouds » du centre, chacun trainer et keeper d’un éléphant en particulier. La journée se poursuivit plus tard avec l’observation magique et enrichissante d’une majorité des éléphants du centre au bord du lac que nous finirons par « raccompagner » dans la montagne. Nous sommes hypnotisées, comblées, choquées aussi parfois, mais notre esprit stimulé par ces uniques rencontres, fit de cette journée une des plus belles et des plus enrichissantes de notre voyage au Laos.
Tous ces pachydermes ont été rachetés par le centre à des propriétaires qui n’en avaient probablement plus l’utilité, parce que trop vieux, blessés, ou que sais-je encore. Ils tentent aujourd’hui, petit à petit, d’en agrandir le nombre, dans la mesure du possible. Le travail de cette équipe de spécialistes est colossal et on y sent un dévouement admirable et une réelle passion. On se fait pas mal de copains dans notre petit groupe aussi avec qui le partage rajoute vraiment quelque chose à notre séjour. On continue d’apprendre encore et encore buvant les paroles de nos hôtes au même rythme que nos bières de la soirée, bref une belle première journée !
Nous poursuivrons le lendemain avec la découverte de plusieurs espaces à des fins relativement différentes, lieu de sociabilisation, de jeu, de réadaptation ou encore champs de bananiers à perte de vue. C’est que ça mange un dixième de son poids par jour ces bêtes là, autant dire que le jardinier n’est pas prêt d’être en chômage technique. Vu l’espace nécessaire à ces animaux, on se rend vite compte pourquoi il devient compliqué aujourd’hui de préserver les éléphants encore sauvages, restreints dans des forêts qui ne cessent de diminuer chaque jour. Bien que l’éléphant reste une îcone symbolique pour les laotiens, les besoins respectifs de chacun rendent la cohabitation de ces deux espèces de plus en plus compliquée. Villageois apeurés par la destruction de leurs cultures ou de leur maison, éléphants resserrés dans des étaux toujours plus lourds et solides, où trouver le juste équilibre ?
L’expérience fut donc courte mais intense. Impossible de se lasser de la présence de nos lourds copains dans ce cadre sublime, qu’il est difficile de quitter à notre départ. Observer ces éléphants d’Asie dans leur habitat naturel fut vraiment quelque chose d’indescriptible. Tourmentées, surprises, ébahies et déjà nostalgiques, nous repartons pour Luang Prabang, plus touchées que jamais par la cause des éléphants d’Asie. Reste à voir ce qu’il ressortira de tout ça, quelques mois plus tard…
Bon soyons honnêtes, j’aurais clairement pu vous parler de ces éléphants pendant 110 ans, preuve dans mon journal de voyage dans lequel j’ai bien écrit une quinzaine de pages sur le sujet, mais j’aurais bien peur de vous perdre en cours de route.
20 janvier 2018
Nous commençons notre descente vers le Sud de Laos avec comme premier arrêt Vang Vieng. La route est un peu longue mais les paysages envahis de montagnes sont sublimes. Autre fois ville envahie par la débauche touristique autour des drogues et de l’alcool, le lieu semble avoir repris du poil de la bête depuis que le gouvernement est intervenu pour régulariser la situation. Nous nous trouvons une petite guesthouse assez posée avant de se jeter dans l’animation du centre. J’ai l’impression d’avoir débarquée tout droit au milieu d’un parc d’attractions; style Jurassic Parc, mais sans les dinosaures, donc pas vraiment Jurrasic Parc, bref. Les offres d’activités ne manquent pas; rafting, zip line, kanoé, bateau, randonnée, escalade et j’en passe, il y a de quoi satisfaire les plus amoureux d’activités en plein air. Mais l’ambiance générale nous laisse un goût plutôt amer en bouche. Le business touristique omniprésent enlève quelque peu le charme qui permet de profiter de l’environnement. Et le coin est pourtant grandiose. Pics karstiques qui me rappellent le Vietnam, rizières et sources d’eau chaudes à gogo, grottes à chaque recoin d’un chemin, la région n’a pas grand chose à envier au reste du pays.
Mais il est assez difficile de sortir de cette foule qui nous donne un peu l’impression d’être arrivées tout droit dans « Bienvenue au Club Med » Vous imaginez ma joie 🙂 Nous partirons en scooter le premier jour et à vélo le deuxième sur ces nouvelles pistes de la région qui nous offrirent tout de même, ne soyons pas mauvaise ambii, de magnifiques spectacles, tentant de contourner du mieux possible les colonies de vacances de voyageurs en mode » je vais à la piscine municipale ». Le décalage avec l’ensemble des lieux que nous avions traversés jusqu’à présent au Laos était trop grand. Force est de constater que le tout a été un peu trop dénaturé, selon nous en tout cas. On vit tout de même quelques beaux instants, entre la visite de grottes à plat ventre avec des gamins de 12 ans ou de quelques randos qui nous replongent vite dans une nature d’avantage sauvage, Vang Vieng nous aura laissé un peu perplexes, le cul entre deux chaises: l’une usée en bois ancien mais qui est entrain de disparaitre et l’autre moderne, solide mais jetable. Vous voyez le combat. Les petits bonheurs comblent temporairement le manque d’authenticité, apéro, massage et balades dans les temples à travers une splendide vallée. Pas le choix faut s’adapter à son environnement. C’est ça l’intelligence de voyage les copains (rire). Craquage resto (ou comment j’ai redécouvert le vin et le chocolat), c’est presque ici que s’achevait déjà notre voyage entre soeurs.
C’est depuis Vientiane, encore à quelques heures de là que Manon repartait finalement pour la Belgique alors que soudainement après plus d’un mois de voyage en famille, je me retrouvais solo à nouveau dans mon voyage. La transition fut rude. Si j’avais toujours pris beaucoup de plaisir à voyager de façon indépendante, une certaine solitude me sautait soudainement à la figure. Back on the road, il me fallut quelques jours pour repartir de plus belle et reswitcher mon cerveau à mon mode de voyage initial. Vientiane, la « capitale » laotienne », n’a rien eu d’étouffante ou d’oppressante mais ne comporte selon moi pas grand chose d’exploitable non plus, du moins pour les amoureux de nature. Au bord du Mékong, j’admire la Thaïlande juste en face, du côté de l’autre rive, repensant au chemin parcouru jusqu’ici et à tout ce qui m’attend qui m’encore.
On se fout un bon coup de pied au cul et on redémarre de plus belle ! Moi et mon sac à dos sur le dos, pas de raison de s’abattre sans raison (ça a du sens ce que je viens de dire ? ). J’avais donc décidé de me rendre à Thakhek, encore plus au Sud, où une boucle à moto avait l’air de ravir l’esprit des voyageurs en quête d’aventure. Ha ben çaaaa ça me parle. Je n’étais pas totalement certaine de mon coup sur le fait de partir seule à deux roues pendant plusieurs jours mais autant dire que si je m’abstenais à chaque étape un brin effrayante, j’en aurais bien manqué des choses dans mon voyage ! On noie donc les doutes dans un bon apéro et en route ma petite !
Le trajet fut folklorique. Bus semi local/semi touriste, l’habitude laotienne reprend du dessus. Alors que je cède la dernière place à un couple de cinquantenaires italiens, me voila le cul mal vissé sur un de leurs tabourets en plastique préférés pour bébés dans l’allée centrale. C’est un vrai sketch. A chaque arrêt ou embarquement/débarquement de personnes, c’est la foire intégrale dans le bus. Et vas-y que je te fais passer d’autres tabourets au dessus de la tête, passe moi ton gosse, ton sac de légumes, ou l’équivalent des animaux de la ferme, l’animation bat son plein. Et va savoir pourquoi, tout le monde de l’allée centrale à la fâcheuse tendance à échanger de place en mode chaise musicale mouvante toutes les demi heures, sans aucune raison apparente. Bref, j’ai commence le trajet au début de l’allée, pour le finir presque 6h plus tard au fond du bus. Au moins plus je recule, moins j’ai de chance de voler direct dans le pare brise et qui plus est, comme j’avais de nouveaux voisins tout au long du chemin, je me suis fait quelques copains. Du grand folklore, autant vous dire que j’ai vite regretté d’avoir fait ma polie bien élevée à céder ma place chérie. Putain de ritals. Pardon. Le show continue lorsqu’on embarque à 10 voyageurs dans un tuk tuk qui peut « normalement » (bien que le normalement n’est pas énormément de crédibilité au Laos) en transporter 4 ou 5. Le poids de nos corps et de nos sacs réunis, que nous tentons d’ailleurs de retenir tant bien que mal, fait qu’à chaque bosse ou chaque trou, c’est-à-dire plus ou moins tous les 10 mètres, on a l’impression d’arracher le dessous de sa machine de guerre à notre chauffeur, qui évidemment n’a pas l’air très inquiet, vous vous en doutez. On va casser ton tuk tuk, on vaaaa casser ton tuk-tuk, lalalala, c’est toi qui l’a voulu mon vieux !
Bon la journée me remit dans le bain et me fit tout de même beaucoup rire, j’avais un peu retrouvé la pêche. C’est qu’il n’en faut pas grand chose à vrai dire. En voyage, on a souvent l’impression d’être supra lunatique, passant du bonheur ultime à la tristesse la plus inconsolable en un temps record de 5 minutes. Petite bouffe au soir avec Audrey et Rodrigue, connaissances belges de mon unité scout de l’époque que j’avais croisés random dans le tuk tuk du matin, un autre couple de français Clément et Sandy ainsi qu’Adrien, voyageur solo comme moi. J’avais donc assez vite rerencontré du monde, ce qui fit vite disparaître mon blues temporaire aussi rapidement qu’il était arrivé. Je passerais finalement une journée à Thakhek au repos (#gueuledebois, boire des bières au bord du Mékong jusque 3h du matin, ça se paye le lendemain, c’est qu’on est plus tout jeune l’air de rien!) avant de louer nos bécanes pour partir avec Adrien le jour d’après sur l’incroyable « boucle de Thakhek » pour 5 jours.
24 janvier 2018
1er jour du trip à moto – 180 km jusqu’au petit village de Konglor. On évite la flicaille corrompue à la sortie de la ville et on trace pour rapidement sortir de la route ennuyante des 80 premiers km qui n’a beaucoup d’intérêt. Et c’est là que l’aventure commence. Nous zigzaguons sur des routes de moins en moins empruntées et nous nous enfonçons dans le grandiose décor du centre du Laos. Nature et dépaysement, je suis aux anges ! La grande chaleur est au rendez-vous et la joie de vivre aussi. Pour la première fois depuis très longtemps, je reprenais plaisir à faire de la moto, du pur bonheur rafraîchit légèrement par une région dont je suis totalement tombée amoureuse.
Nous traversons montagnes, rizières, petits villages paumés et rien ne peut me décrocher de cette bonne dose d’adrénaline. Arrivés à Konglor, nous nous trouvons rapidement une petite guesthouse en bord de rivière, planquée dans un village encore très authentique malgré le passage des voyageurs. Grosse ambiance à notre logement, on accroche directement avec la famille qui la tient et qui parait si joyeuse que tu croirais qu’ils sont défoncés H24. Et ça chante à tue tête dans la cuisine, ça comprend rien à ce que tu commandes mais c’est pas grave. On avait trouvé notre QG pour deux jours. Impossible de finie aigris face à de tels sourires des locaux. On y restera donc un jour de plus, parce qu’après tout on avait le temps puis parce que le coin nous plaisait pas mal. La lumière de fin de journée donne forme et relief aux ombres des montagnes,les tons rosés subliment le village à tel point qu’on aurait bien envie de s’y perdre (ce qui fut presque le cas). Le paysage est simplement magnifique. J’en prends plein la vue, encore et encore. C’est qu’on appelle du bonheur de voyage à l’état pur. Je vous en envoie un peu c’est promis !
Perdue dans ma petite bulle de roadtrip à moto, les beaux moments et les fous-rires ne se comptent plus.. Le cadre est assez envoûtant et une atmosphère très détachée y règne de façon inexplicable. J’ai l’impression d’y être aspirée sans aucune volonté de résister. Deuxième journée, je vais visiter les fameuses Konglor Cave qui sont la fierté de la région. Embarquement en bateau avec mon petit guide local qui ne pige toujours rien mais qui me fait beaucoup rire au travers de la dizaine de km que nous parcourons sur l’eau dans la pénombre la plus totale. Passage tumultueux en montée, on finit par hisser la barque à la force de nos bras sur un passage où le courant inverse et le niveau d’eau ne permettent pas la traversée, avant de resortir finalement de l’autre côté de cette gigantesque grotte, où la lumière jaillit soudainement au milieu de montagnes aux forêts vertes et denses.
Mini tournoi de pétanque improvisé avec des gens du village avant d’entamer le trajet retour, plus facile à parcourir. Je repasserai la soirée au QG avec Adrien, Enzo et Flora que nous rencontrons autour d’une partie de cartes. Ce n’est pas les nouveaux amis qui ont manqué sur la route. Les jours, les kilomètres et les paysages s’enchaînent, le soleil disparaît temporairement et le vent nous glace vite le sang quand on conduit. Mais teste pas mon vieux, rien ne peut nous mettre de mauvais poil, nous sommes toujours gonflés à bloc et définitivement infatigables ! Haa le plaisir de rouler les cheveux au vent, musique dans les oreilles, tentant de restant concentrée sur la route mais transportée par tout ce qui m’entoure, une liberté que je ne peux qu’apprécier à sa juste valeur. Et croyez moi, oui on se sent aventurier comme dans les films et toutet tout ! Nous passons finalement le petit bled de Laksao, pour atteindre le Namnian bridge où un décor aussi intriguant que captivant s’offre à nous. Une gigantesque étendue d’arbres morts à la verticale forme un rendu géométrique assez atypique. Et ça continue jusqu’au petit village de Tha Lang.
Bon quand on apprend que ceci est le résultat d’une inondation liée à la construction d’un barrage et que le lac artificiel qui abrite le tout n’est pas franchement en grande forme, c’est tout de suite moins glamour. Mais il y a tout de même un côté assez mystique à la chose, c’est indéniable. Ainsi, le paysage offre un spectacle un peu particulier, à la fois mortuaire et sublime, avec une alternance de troncs d’arbres immergés dans une eau calme et miroitante, ponctuée par quelques petites îles verdoyantes. Nous passerons une autre nuit de notre roadtrip dans ce fameux village où on se retrouve un petit bungalow plutôt tranquille dans une auberge qui bouge plutôt pas mal. Une de nos plus belles soirées niveau rencontre. On se retrouve rapidement autour du feu à sociabiliser avec plus ou moins une quinzaine de voyageurs et ça finit en grosse soirée pétanque entre potes; ça part un peu en couilles en somme. Ouai on se connait que depuis une heure et on est potes, et alooors ? Autant dire que le départ du lendemain matin fut compliqué pour tout le monde, aussi frais comme des gardons les uns que les autres !
Dernier jour de route déjà…Arrêts paisibles qui sonnent déjà un peu la fin, on sent qu’on a pas vraiment envie de rentrer avec Adrien étant donné qu’on s’arrête plus ou moins tous les dix kilomètres parce que « le paysage est beau ». On se la coule un peu douce au bord d’une cascade, on s’échappe encore à l’une ou l’autre grotte sur la route, histoire pas rentrer trop tôt non plus. On en découvrira d’ailleurs une cachée, assez petite mais incroyable, où le silence est aussi prenant que l’eau qui se devine au fond. On a beau traîner, encore et encore, va bien falloir y retourner à Thakhek ! Plus de 600km au compteur, c’est ravis et la tête plein de souvenirs que nous rendons nos bébés à moteur. Et comme l’aventure continue, cette page se tourne pour chacun reprendre sa route vers des directions différentes. On retombera sur nos potes Enzo et Flora, rencontrés au début, avec qui on passera notre toute dernière soirée ensemble.
Tous un peu ravagés à l’idée du bus de nuit qui nous attend, on se console en se tapant des barres pour pas changer. En résumé: une belle échappée donc cette boucle à moto; une vraie dose de bonheur, d’authenticité laotienne, de rencontres locales et internationales, de paysages à se taper le cul par terre, qui est d’ailleurs encore endolori par les tremblements de la moto sur les tronçons de pistes parfois un peu sportifs. Un itinéraire moins emprunté que d’autres régions du Laos et qui vaut pourtant vraiment vraiment le coup (au cas où vous auriez pas compris que j’avais passé une trop bonne semaine dans la région) ! Jo, conteeeeente. C’est sur cette belle note que je vous abandonne car ça fait déjà bien assez d’émotions pour un seul article ! A très bientôt les potes, pour la fin de mon séjour au Laos et mes deux semaines dans le Nord de la Thailande à moto (bah ouai, une fois qu’on s’y met, difficile de s’arrêter !).
Coucou Jo (et Manon 🙂 )
Hasard du calendrier qui fait que, le jour où je me décide à consulter ton site, je tombe sur ton article sur l’ECC, où nous nous sommes rencontrées.
Bonne continuation et bonne route
Bises à vous deux
Bénédicte